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La réunion de classe ou « réunion de parents ».


 

La réunion de classe dite également « réunion de parents » se tient rituellement dans le calendrier peu après la rentrée de septembre. Elle rassemble les parents des élèves d'une même classe qui répondent à une invitation que l'enseignant leur a adressée.

Cette réunion est organisée de fait par la très grande majorité des enseignants mais, avec de leur part, des attentes variables, et, dans un nombre de cas assez élevé, des appréhensions.

Pourtant elle peut être suivie de très bons résultats et se dérouler sans grandes contrariétés si on sait profiter de l'occasion exceptionnelle qu'elle offre. Notre proposition veut faire le point sur les objectifs, les contenus et la méthode selon le déroulement suivant:

  • finalités de cette réunion

  • présentation des craintes des enseignants

  • inventaire des points importants de l'ordre du jour

  • conseils de méthode pour conduire la réunion.

Nous proposons nos réflexions aux enseignants de tous niveaux mais on trouvera dans le domaine « École maternelle » des compléments sur ce thème. Nous fournissons aussi une petite annexe apportée par une collègue de notre groupe de travail concernant l'organisation de la réunion avec plusieurs classes de même niveau.


 

Les finalités de cette réunion.


 

Elles ne se confondent pas avec les contenus. Nous préciserons ceux-ci dans notre troisième partie. Elles indiquent les grandes fonctions de la réunion en soulignant quelques aspects utiles qui peuvent être sous-estimés et même passer inaperçus.

La finalité la mieux reconnue concerne l'objet utilitaire. On fournit aux familles des informations pour suivre et faciliter la scolarisation de leurs enfants, on donne des recommandations pratiques pour la vie scolaire: matériel de l'élève, assurance, repas de midi, tenue vestimentaire, signalement des absences, calendrier etc...

Nous reconnaissons également que cette rencontre participe à la création d'un lien entre l'école et la famille. C'est l'occasion d'une rencontre réelle, physique à partir de laquelle la communication écrite est plus concrète (on met des personnes derrière les noms). Dans une société où les relations sont de plus en plus dématérialisées, il ne faut pas sous-estimer cet aspect. Cette rencontre est, de ce point de vue, une reconnaissance du partage de la responsabilité éducative. En venant à la réunion les parents acquiescent à une délégation d'autorité éducative. Inversement, l'enseignant en les recevant, leur donne une place.

Cette réunion contribue à préciser pour les parents l'image qu'ils se font du cadre de vie de leur enfant. Au sens le plus concret d'ailleurs puisqu'ils traversent les locaux, s'installent souvent dans la classe dont ils découvrent l'aménagement, le décor. Les enfants sont souvent satisfaits de cette situation. Mais on tire également de cette circonstance des profits que nous appellerons « symboliques » par opposition aux aspects plus fonctionnels que nous venons d'évoquer.

C'est une occasion pour l'institution scolaire de manifester sa capacité à se présenter, à présenter son action. Cela contribue à réduire l'opacité et le mystère qu'on lui prête souvent. Elle apparaît ici sous un aspect normal et rassurant. Ce qui rehausse la confiance qu'on lui porte.

L'autorité de l'enseignant se renforce également. Il n'est pas seulement celui qui s'occupe des élèves et « fait la classe », c'est un professionnel qui reçoit les familles, qui ne craint pas de présenter certains aspects de son travail et de solliciter un partage des responsabilités. Une réputation négative de « fuir » ou d'esquiver ce qui vient de l'extérieur s'est propagée dans la société à propos de l'école et des professeurs. Ce n'est pas tout à fait infondé même si c'est le plus souvent par timidité que par rejet. Des réunions bien conduites avec les familles engagent les enseignants dans une voie plus assurée.


 

L'intérêt de ces réunions pour les élèves eux-mêmes a été sous-évalué. Il s'exprime sur deux versants. D'abord chaque enfant élève prend conscience du fait que ses deux tutelles éducatives se rencontrent, se parlent. Il ne s'agit pas d'une coupure muette, chacun sur sa planète; Cela réduit la possibilité de se perdre dans le fossé qui pourrait se creuser, ou d'en profiter en manipulant l'absence de concertation.

Ensuite, si nous considérons la catégorie des élèves qui ont du mal avec l'adaptation scolaire, la rencontre permet d'installer un cadre plus stable. On ne se laisse pas surprendre désagréablement par les incidents, on les anticipe, on pose les règles qui permettront de les aborder. Il est indispensable que les élèves qui connaissent des pannes dans leur scolarité soient sensibles au fait que leurs « adultes » se rencontrent et se parlent. C'est rassurant; cela diminue leur angoisse et donc agit dans le sens favorable à l'amélioration.

Nous pouvons résumer notre argumentation générale en faveur de cette réunion en soulignant la part qu'elle prend dans la réduction des méfiances et des préjugés réciproques, dans la clarification de la position de l'élève et dans le renforcement de l'autorité de l'enseignant.


 

Les craintes des enseignants face à cette circonstance.


 

La réunion de parents ou « réunion de classe » est entrée dans les usages. Il est donc rare qu'un enseignant ne la pratique pas. Mais assez nombreux sont ceux qui se sentent « contraints et forcés » de le faire et qui y vont avec l'intention de ne pas faire durer, voire d'expédier la rencontre et d'y placer un contenu minimaliste et formel.

Un exposé sommaire des craintes éprouvées permettra à chacun de se situer par rapport à ses hésitations. On redoute l'intrusion des parents et souvent la formule utilisée évoque ceux-ci en train de « demander des comptes ». Qu'il s 'agisse de méthodes pédagogiques, de choix culturels ou encore de mesures envisagées pour aider les élèves en difficulté.

Il est avéré que l'éducation scolaire étant devenue un sujet de discussion publique, il existe un risque de voir en toutes circonstances n'importe qui se prononcer sur les apprentissages, les méthodes et les orientations éducatives. Mais l'enseignant ne peut pas, s'il se trouve dans cette situation, se montrer fuyant ou passif. Il y va de son autorité (et pas uniquement auprès des parents, mais également sur les élèves).

On craint de ne pas maîtriser la réunion; des débordements pourraient surgir et mettre en difficulté l'enseignant en tant qu'animateur ou conducteur de la rencontre. Cette appréhension est fréquente chez les débutants mais persiste pour des collègues expérimentés dans leur classe mais perdant confiance en eux dès qu'ils se trouvent en terrain inconnu. Il s'agit en fait d'une difficulté à tenir une position nouvelle, différente de l'autorité que l'on exerce sur les élèves, mais qui pourtant demeure dans le champ de l'autorité professionnelle.

La peur de ne pas parvenir à une réunion substantielle, de demeurer dans une rencontre superficielle ou partielle se manifeste selon des modes différents. On aboutit, de façon inattendue à des interrogations comme « mais qu'est-ce que je vais leur raconter? » alors que, nous le verrons, nous avons objectivement un excès dans l'ordre du jour et sûrement pas un manque de matière. Nous proposerons plus loin un inventaire des thèmes relevant de toute évidence de cet ordre du jour.

Si on s'est trouvé déçu devant la faible participation des familles, on redoute la répétition de cette circonstance, il est vrai choquante. Cet inconvénient devrait être bien atténué par des précautions de communication, des invitations bien formulées et adressées dans de bons délais (avec éventuellement un rappel) , des affichages, l'utilisation du cahier de liaison, des contacts opportunistes directs (à l'entrée de l'école) etc... La présentation de l'ordre du jour dans l'invitation ne doit pas être minimisée.

On a pu, en plusieurs occasions, trouver l'assistance trop passive. Cette appréciation se rattache à une conception inexacte des buts de cette réunion qui n'est pas une occasion de débat et où les échanges restent par principe limités. On peut tout de même faciliter la prise de parole des familles en faisant appel à deux moyens: le premier réside dans l'atmosphère détendue, confiante que l'on crée, la seconde est de ne pas enchaîner trop vite l'ordre du jour et de libérer systématiquement, après chaque partie, un moment pour poser des questions.

D'une façon globale nos collègues expriment des réserves sur l'efficacité de la réunion. Il faut sur ce point bien insister sur le fait que cette opération est au moins aussi utile que les inconvénients qu'elle évite que par les effets directs qu'elle engendre.


 

Inventaire des thèmes pour un ordre du jour.


 

Les sujets susceptibles d'être abordés au cours de cette réunion sont très nombreux et extrêmement divers. Certains d'entre eux se retrouvent dans toutes les réunions et seront abordés à presque tous les niveaux. Viennent s'ajouter à ces thèmes obligés ceux qui se rattachent à une actualité nationale (une réforme des rythmes scolaires, des renouvellements de programmes, l'introduction d'enseignements nouveaux) ou à des initiatives locales (projets éducatifs locaux, restructuration des équipements scolaires, mise à la disposition des écoles d'intervenants...).

La liste qui suit, insistons bien, n'est pas un ordre du jour; elle est beaucoup trop abondante pour jouer ce rôle. Elle constitue un réservoir de thèmes, un aide-mémoire dans lequel on peut puiser pour créer son programme de réunion.


 

1/ Présentation de la classe du point de vue de sa place dans le cursus scolaire.

L'entrée d'élèves dans une nouvelle classe implique des changements de toutes façons. Ceux-ci sont plus ou moins importants et dans certains cas, les enjeux spécifiques sont connus des familles. D'où l'intérêt de rassurer et de donner des informations qui font repère et aident les parents à mieux comprendre les épreuves nouvelles qui attendent leur enfant. Voici quelques exemples particulièrement significatifs:

    • l'entrée en petite section et les débuts de la scolarité: présenter aux parents les conditions concrètes de la vie scolaire, la nature des apprentissages.

    • L'entré au CP: ce passage est dramatisé; on insiste sur le fait que l'accès à la lecture est plus ou moins rapide et aisé selon les cas.

    • CM2: le passage au collège est en vue, on explique de quelle manière on prépare les élèves.

    • Les nouveautés dans les programmes: il peut s'agir de matières entièrement nouvelles (langues vivantes) ou de transformation de celles-ci; c'est le cas pour aborder l'histoire, la géographie, les sciences en tant que telles.

    • A certains niveaux, des apprentissages sont délicats (les décimaux, les fractions).

    • On demande, à certaines étapes, de nouvelles attitudes dans le travail (autonomie, travaux en équipes) ou de nouveaux exercices notamment à faire à la maison (certaines recherches documentaires, des exercices de mémorisation).

    • Structure pédagogique de la classe: s'agissant d'une classe à deux cours, ou plus rarement rassemblant des niveaux disjoints (un CP/CE2) la mise au point avec les parents est indispensable. Il s'impose de justifier les choix et d'indiquer de quelle façon on résout les problèmes d'organisation qui en découlent.

    • Des commentaires sont à faire sur les effectifs .S'ils sont exceptionnellement bas on peut expliquer de quelle façon on va tirer parti de cet avantage. Inversement avec un nombre d'élèves nettement supérieur à la moyenne, on présentera les contraintes qui en résultent mais aussi ce que nous ferons pour atténuer les inconvénients.

    • L'emploi du temps de la classe est présenté brièvement en ne s'attardant que sur certains détails plus originaux pour les parents: ateliers, BCD, EPS en dehors des locaux habituels, temps de régulation internes à la classe (heure de « vie de classe » ou « conseil d'élèves »). On indique, le cas échéant, que l'horaire journalier peut être modifié, que l'emploi du temps n'est pas figé et que les changements correspondent à des projets particuliers ou bien à des circonstances extérieures.


 

2/ Présentation des enseignants (des enseignants en service partagé), des intervenants auxiliaires, du RASED.


 

D'une manière générale, il s'agit de mentionner toutes les personnes intervenant dans la vie scolaire.

L'enseignant se présente lui-même de façon simple et très brève. Il peut mentionner des expériences antérieures si cela peut rassurer (avoir déjà conduit une classe à plusieurs niveaux par exemple). Il ne prend pas l'initiative d'annoncer qu'il est débutant, mais répond avec netteté si on le lui demande car la dissimulation serait, peut-être à juste titre, interprétée comme un signe de manque de confiance en soi.

En cas de partage du service, les jours d'intervention, les matières réparties, les responsabilités partagées sont indiquées, on indique comment et à qui les parents se réfèrent an cas de besoin.

Si des organisations de décloisonnement ou d'échanges de services sont prévues, on fait connaître leur intérêt et on mentionne les conséquences dans la vie scolaire: déplacements, horaires, matériel nécessaire, évaluations pratiquées, etc...

Pour le RASED, si un membre de l'équipe peut venir, il présentera lui-même le réseau et son rôle, sinon le RASED transmet à l'enseignant les consignes de présentation. En maternelle on présente l'ATSEM et on décrit son rôle. Si elle peut être présente à la réunion cela souligne l'importance de sa fonction. On insiste auprès des parents sur le fait que pour une réclamation, un contentieux, ils ont à faire au professeur, pas à l'ATSEM.

On n'oubliera pas les intervenants extérieurs réguliers (en EPS, langue, éducation artistique etc...) en précisant de quelle autorité ils relèvent (Éducation Nationale, mairie, associations). On soulignera qu'ils sont autorisés par l'Éducation Nationale.

Si un auxiliaire de vie scolaire intervient dans la classe, on le mentionne en définissant brièvement son rôle (et les limites de sa fonction; il ne remplace pas l'enseignant absent).


 

3/ Présentation des organisations pédagogiques particulières.

Il s'agit moins d'informer que de prévenir des réactions familiales suite aux témoignages apportés à la maison par les enfants. Concernés par des organisations comme la classe à deux niveaux, les groupes de niveaux, les groupes de soutien, les temps de travail autonome etc... les enfants ne sont pas en mesure de décrire objectivement ce qui a lieu et on entend à la maison des formules comme celles-ci: « La maîtresse ne s'occupe pas de nous, la maîtresse n'aide pas, on fait ce qu'on veut, on ne travaille pas etc... ». Il faut prendre les devants et donner des explications d'adulte à adultes sans attendre les interprétations naïves de jeunes enfants qui dans le pire des cas inquiètent inutilement les familles.


 

4/ Caractéristiques scolaires du groupe d'élèves.


 

Le groupe des élèves formant la classe n'a, la plupart du temps, pas de caractères singuliers. Mais certaines particularités peuvent se produire. C'est le cas si dans une classe à cours double, un CP/CE1 par exemple, on a placé en CP les élèves les plus autonomes venant de grande section. On peut aussi connaître l'inverse avec un groupe d'élèves moins avancé par rapport au niveau moyen. Certaines classes accueillent temporairement ou de façon continue des enfants du voyage. D'autres intègrent partiellement des élèves issus d'un établissement spécialisé voisin. L'arrivée d'enfants étrangers non francophones, l'accueil d'enfants malades modifient de manière sensible la vie d'une classe. Des indications brèves et simples peuvent être utiles. On s'abstiendra par contre de déclarer qu'on a dans sa classe un élève ou deux qui présentent des perturbations dans le comportement. Cela amorcerait des réactions de rejet, de crainte, de la part de parents trop sensibles qui pourraient vouloir protéger (de façon totalement inutile) leur enfant.


 

5/ Présentation des locaux scolaires.


 

Si la réunion a lieu dans la classe où travaillent leurs enfants, il sera aisé de familiariser les parents avec ce cadre. On indiquera les cours les plus significatifs: coin de lecture, poste de technologies nouvelles, atelier de travail autonome etc... On mentionnera sans détailler les destinations extérieures à la classe: un gymnase, une bibliothèque d'école ou de quartier, une salle de sciences, un local dédié à l'informatique etc... Toutes ces précisions contribuent à concrétiser pour les familles la vie scolaire de leurs enfants.


 

6/ Le matériel de l'écolier.


 

On annonce au départ que l'école cherche, avec la famille, à rendre l'enfant aussi autonome que possible dans l'usage de son matériel et le soin à y apporter. Au moment où se déroule la réunion, les élèves sont déjà équipés. Certains détails peuvent être encore à régler; certains besoins à venir sont évoqués. C'est le moment de parler du cartable puisque c'est un sujet de « société ». l'enseignant rappelle que l'école ne veut pas l'alourdir inutilement mais que l'indispensable puisse circuler entre l'école et la maison. Les enfants jeunes ont tendance à remplir le cartable, ils ont l'impression de se sécuriser de cette manière. A l'école, comme à la maison, on insistera pour éviter cette dérive.

On indique le matériel fourni par l'école et celui que la famille achète et renouvelle. Il est opportun de conseiller les familles sur les achats afin que les conseilleurs ne soient pas les publicitaires ou les camarades! On indique les achats inutiles, on rappelle que beaucoup d'objets ne sont pas hors d'usage au bout d'un an! C'est le cas du cartable dans bien des cas.


 

7/ Ce qui circule entre la maison et l'école.


 

L'école est un lieu neutre. On n'y vient pas vêtu de particularités et orné de divers accessoires. On y vient pour vivre une vie d'écolier; une fois que les élèves en sont sortis, les familles peuvent reprendre les initiatives qui leur conviennent. On précise bien le sens de cette précaution: il ne s'agit pas de censure mais de respecter les conditions nécessaires pour que l'écolier soit à sa place parmi d'autres écoliers.

On sensibilisera les parents aux risques présentés par le port de signes religieux. Les bijoux et objets précieux sont également à l'origine de soucis. On vient à l'école sans argent, on n'apporte pas de jouets ou d'équipements personnels inutiles (jeux électroniques, équipements téléphoniques). Les enseignants exercent une surveillance qui permet d'assurer la sécurité des élèves mais pas toutes les tentatives de vol, de racket, les échanges douteux, les emprunts abusifs. Les familles doivent impérativement se montrer prudentes.

La tenue vestimentaire de l'écolier doit rester simple, banale même. Certaines ostentations suscitent la jalousie, le vol, la dégradation ou simplement la moquerie. Chez les filles certaines tenues peuvent avoir un caractère provoquant ou tout simplement être déplacées en milieu scolaire. Ajoutons que le fait de s'habiller ainsi contribue à déconcentrer l'élève lui-même et cela nuit à ses apprentissages.

Les élèves ont intérêt à être chaussés de façon confortable et solide: ils marchent, courent montent des escaliers etc... Pour les activités sportives des vêtements adaptés sont nécessaires, mais sans spécialisation excessive et surtout sans surcoût (évoquer ici l'attirance pour les marques et les fâcheuses conséquences discriminatoires). Circulent également entre la maison et l'école des documents de liaison entre l'enseignant et la famille: on rappelle leur utilité et de quelle façon chacun les utilise. A l'école maternelle, les recommandations relatives à l'habillage sont développées. On insiste sur des vêtements solides, faciles à nettoyer, faciles à mettre et à enlever.

Ne circulent dans le cartable de l'élève, entre école et maison, que des objets en rapport avec les apprentissages; Si l'enseignant suggère d'apporter des objets, c'est un acte magistral qui est mentionné dans le cahier de liaison. Celui-ci est le vrai et seul support de ce qui se dit entre l'école et la famille; On rappelle les règles de son bon usage. Il est destiné à faciliter la scolarité de l'élève mais n'est pas un support d'expression libre, de critiques, de polémiques. Sinon l'élève se trouverait très embarrassé.


 

8/ Les règles de vie dans la classe, la discipline, les sanctions.


 

Nous sommes, avec ce sujet très aigu, au cœur de la relation école/famille et des malentendus et méfiances possibles. L'enseignant doit prendre les devants, expliquer sa démarche avec clarté et même autorité.

Tout d'abord, mieux sa façon de faire sera cohérente avec les pratiques de l'équipe, plus elle sera facile à admettre pour les familles. Le professeur isolé qui s'avance devant les familles en proclamant ses propres vues dans ce domaine est à coup sûr fragilisé. Inversement celui qui règle son action à un projet partagé dans l'école se trouve renforcé et protégé par le collectif. Les règles de vie en classe se caractérisent par un aspect strict et pointilleux. La justification de cet aspect s'impose car les familles ne se représentent pas bien les contraintes de la vie scolaire. Pour dire les choses très simplement: si nous voulons que des enfants apprennent ensemble dans un groupe nombreux et hétérogène, nous ne pouvons pas faire autrement que de les maintenir dans un ensemble de limites, d'interdictions, d'obligations sans lesquelles notre efficacité d'enseignants disparaitrait. Encore plus brièvement: sans les contraintes nous ne pouvons même pas enseigner!

Une fois ce préalable posé, on présente très vite aux familles, les principales règles; on leur indique qu'en cas de transgressions graves et répétées, ils sont prévenus par l'école et que l'on recherche la meilleure façon de collaborer pour remédier à la situation.

L'enseignant décrit les dispositifs qu'il utilise pour éduquer ses élèves au respect et à la compréhension des règles: temps de parole, pratiques des responsabilités, conseil hebdomadaire, construction collective d'un règlement etc... Il présente les sanctions ordinaires, celles de la pratique quotidienne dans une classe. Il est indispensable d'éviter la disparité d'une classe à l'autre (à des niveaux identiques ou proches bien sûr, car les mesures varient selon l'âge). Sur ces sujets nous devons toujours rester très pratiques pour être convaincants et ne pas nous laisser entrainer dans des discussions très générales sur l'autorité, la loi, le cadre, les repères etc... Notre société est actuellement très gourmande de ces débats mais très fuyante sur les conséquences à en tirer. Nous avons en face de nous une grande diversité des attitudes familiales dans ce domaine foncièrement éducatif. L'aventure sur un terrain très général nous mettra en danger. Il vaut mieux nous en tenir à des justifications très banales, faciles à comprendre: ce sont les buts de l'école (apprendre et être nombreux à le faire ensemble) qui rendent indispensables nos contraintes.


 

9/ L'évaluation des élèves et ses supports (livrets, bulletins, annotations sur les cahiers).


 

Les débats actuels sur l'évaluation obscurcissent son rôle. On rappellera aux familles deux fonctions indiscutables de l'évaluation: pour l'enseignant et l'institution scolaire et la famille, elle aide à situer les apprentissages effectués, pour l'élève elle constitue un repère par rapport à son travail, ses efforts, son activité.

On indique aux parents ce qui leur parviendra et avec quelle fréquence. On attend d'eux une lecture (ils la doivent plus encore à leur enfant qu'à l'institution scolaire) et une signature. On explique de quelle façon on corrige les cahiers et on les annote. S'ils sont surpris ou contrariés des jugements portés par l'enseignant sur le travail de leur enfant, ils n'écrivent rien sur les cahiers mais s'expriment sur le carnet de liaison et demandent à rencontrer l'enseignant. Les réactions aux résultats décevants devront, si possible, éviter l'indifférence et la violence.


 

10/ Le travail à la maison.

Les familles disposant d'une information de première main éviteront mieux les tentatives que font nombre d'enfants pour jouer sur le flou, interpréter de manière tendancieuse les consignes de l'école. La réunion permet de donner les caractéristiques générales des travaux demandés à la maison: quels sont les exercices que l'on donne, ceux qu'on ne demande pas et pour quelles raisons. L'enseignant fournit aussi le cadre horaire approximatif nécessaire. Cela aide les parents à interpréter l'attitude de leur enfant. Celui-ci peut en effet bâcler son travail ou, inversement, s'y attarder trop longtemps.

Les parents ont intérêt à savoir ce que l'école attend d'eux à ce sujet: contrôler avec régularité, fixer le cadre horaire, mais pas servir de répétiteur. A certains moments il peut être demandé des participations plus précises: au CP, faire lire un petit texte, faire réciter un poème... Il est prudent de ne pas mettre les parents en situation de faire de la pédagogie. Cela n'a que des inconvénients: des conflits de méthode qui embrouillent les enfants, des crises d'impatience, des incompréhensions entre l'école et la maison. Dans les cas particuliers d'élèves en difficulté, il appartient aux enseignants d'estimer si la participation des parents à un soutien à la maison est possible et souhaitable. Dans le cas où ces conditions sont rassemblées, on se concerte avec eux pour déterminer la nature de l'aide.


 

11/ Les modalités de rencontre avec les parents.


 

Nombreux sont les parents mal à l'aise avec l'école. Pour des raisons liées le plus souvent à leur propre passé scolaire. Lorsqu'un enseignant demande une rencontre, toutes les familles éprouvent un peu d'inquiétude. Pour aplanir ces obstacles, on profite de cette réunion pour expliquer les différentes raisons qui peuvent motiver la rencontre: résultats scolaires, faits d'indiscipline ou d'incivilité,, comportement inexplicable, problème de santé etc... La demande de rencontre peut venir de la famille, là aussi avec des motifs divers. Il est tout à fait normal que ces contacts se fassent à l'aide de rendez-vous convenus de gré à gré. Cela permet de disposer d'un temps suffisant et le cas échéant de les préparer. La rencontre « entre deux portes » est rarement satisfaisante. C'est dans le cadre de cette rubrique que les enseignants qui ont l'habitude de faire appel aux parents pour encadrer des sorties, des activités dans l'école, formulent leurs propositions.


 

Éléments de méthode pour conduire la réunion.


 

Il ne s'agit pas de rechercher un maniement d'expert. C'est une réunion d'information qui se propose d'établir un contact, d'installer la confiance dans une atmosphère de considération réciproque.

Elle se conduit donc en s'appuyant sur une méthode très simple où dominent les préoccupations de clarté et où on se soucie d'efficacité. Les éléments conflictuels y sont rares car les parents d'élèves ne s'y montrent guère entreprenants.


 

Place dans le calendrier:

Elle se tient près de la rentrée et le plus près possible. Plus on s'éloigne, plus elle perd en efficacité et devient formelle.


 

Le nombre de réunions de parents:

Ce rituel n'a lieu qu'une fois sous la forme que nous venons de décrire. Des circonstances exceptionnelles ou des projets particuliers pour une classe rendent nécessaire en cours d'année la réunion des parents. C'est le cas pour une classe transplantée de plusieurs jours avec nuitées. On convoque également les parents suite à un événement sanitaire grave ou à une circonstance concernant une personne adulte ou un enfant (faits de violence graves...). On peut inviter l'ensemble des parents intéressés par un projet pédagogique dans la classe et l'école: des ateliers de lecture, l'organisation d'une exposition...


 

Invitation:

Le mot « convocation », l'allusion à « une présence obligatoire » sont à éviter car de nature à susciter des réactions hostiles; Aucun texte règlementaire ne peut appuyer ce vocabulaire contraignant. Il s'agit donc d'une invitation et le caractère facultatif (on n'emploiera pas ce mot qui est d'un effet négatif) est donc respecté. Par contre il est permis de mettre en valeur l'utilité pour les parents et pour les enfants d'être présents à cette rencontre.

Un ordre du jour, en quelques lignes, est très efficace pour laisser voir qu'il ne s'agit pas d'une réunion formelle ou factice.


 

Accueil et installation matérielle:

Un petit effort d'installation sera apprécié. Ils ne doivent pas arriver dans un local encombré où on ne sait pas où s'asseoir, où l'on peut aller se cacher dans un coin, où il manque des chaises. Rappel: les petites chaises de maternelle et de CP sont très incommodes pour beaucoup d'adultes. Dans de telles circonstances quelques phrases d'accueil sont propices à la bienveillance réciproque: on remercie les présents (qui ont parfois cherché des arrangements dans leur emploi du temps), on s'engage à faire au mieux pour rendre la réunion efficace, on indique approximativement sa durée.


 

Durée de la réunion:

On pensera à prendre ses repères par rapport aux pratiques en usage dans l'école. De trop grandes disparités éveillent un doute sur les buts de la réunion.

Cette durée ne peut être inférieure à une heure. Si un enseignant pensait pouvoir se débarrasser de la charge en expédiant une réunion en vingt minutes, il serait mieux d'y renoncer.

Lorsque l'ordre du jour est intéressant, varié dans son menu et que la conduite de la réunion laisse place à des échanges (même brefs), la durée d'une heure est facilement dépassée. Mais à l'approche des 90 minutes il faut savoir interrompre, même avec des regrets sur l'inachèvement du programme.


 

Le rôle et la place de l'enseignant:

Rappelons nous bien qu'il ne s'agit pas d'un lieu d'échange ni d'une instance paritaire où pourraient se partager les responsabilités. L'enseignant y représente l'autorité de l'institution scolaire. Il dirige la réunion. Il en a fixé l'ordre du jour et se force à le tenir; Pour cela, il découpe l'horaire entre les différents thèmes en proportion de leur importance. Il donne la parole à intervalles réguliers et cela pour les demandes d'explication et de précisions; pas pour « lancer un débat ». On peut prévoir la distribution de documents simples et utiles.


 

Animer seul la réunion ou être accompagné?

Dans la plupart des cas, il est normal d'être seul. Si la classe a deux enseignants (service partagé), la présence des deux est très utile. Il est, dans ce cas, indispensable de se répartir les tâches; On donne alors un très bon exemple de nos capacités à travailler à deux. Un enseignant qui débute et qui éprouverait trop d'inquiétude à l'idée de conduire cette réunion peut solliciter la présence du directeur. Cette situation doit demeurer exceptionnelle car elle peut donner prise à des interprétations ambigües. Si, tout de même, cette circonstance se produit, une introduction simple et franche explique aux parents la présence du directeur. Elle ne remet pas en cause l'autonomie de l'enseignant, le directeur n'est là que pour compléter ou préciser des aspects qu'un débutant et nouveau dans une école ne domine pas intégralement.

Dans des écoles de taille importante on peut pratiquer, dans un local adapté, une réunion de parents de deux ou trois classes de même niveau. Souvent elle se déroule en deux temps. On présente des dispositions communes puis on se sépare et chaque enseignant retrouve les parents de ses élèves; Cette organisation réclame une préparation très poussée.


 

S'adresser à l'auditoire: ton et langage:

Ne pas oublier d'abord que l'attitude défensive se renverse très souvent en agressivité. On se protège du manque d'assurance par un excès de directivité, d'autoritarisme; on devient péremptoire et même cassant. Nous devons nous méfier d'une tendance à nous ériger en donneurs de leçons. En éducation le travail est si difficile et les résultats si aléatoires que toute posture de supériorité est à bannir.

Le langage reste simple, sans jargon pédagogique. Ce qui demande tout de même un certain effort car les mots des sciences de l'éducation sont automatiques. Si l'on peut éviter de se crisper par rapport à des questions touchant la pédagogie (choix d'une méthode, d'un manuel) on gagnera l'estime de nos auditeurs. L'esquive, le blocage dans ce domaine éveillent la méfiance. Les réponses simples, courtes et concrètes nous font apparaître comme des professionnels ordinaires.


 

D'une façon générale, on gardera à l'esprit le caractère fortement symbolique de cette réunion où l'enseignant a tout intérêt à faire apparaître son sens de l'accueil, sa capacité à communiquer et ses aptitudes à organiser. Une conduite efficace de cette réunion aura un retentissement jusque dans son travail devant les élèves.


Date de création : 09/05/2013 @ 09:27
Dernière modification : 01/05/2015 @ 16:58
Catégorie : ACTIVITES - Guide pratique du professeur des écoles
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