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Services ou « responsabilités » des élèves.


 


 

Remarques sur les mots utilisés: services et responsabilités sont les plus fréquemment employés. Les enseignants qui se réfèrent au courant issu de la pédagogie Freinet parlent des « métiers » des élèves. Ce terme a son intérêt, les jeunes enfants peuvent y projeter leur désir de grandir à travers le rôle social du métier.

Le mot service met l'accent sur la tâche et son utilité collective (rendre un service), la responsabilité insiste sur le but éducatif (devenir responsable).

Il s'agit, de toutes façons, d'une pratique scolaire très ancienne. Si elle s'est développée à l'occasion des mouvements de rénovation pédagogique (années 1960/70), les périodes bien antérieures envisageaient de confier aux élèves des tâches diverses.

Il faut tout de même distinguer des contextes sociaux et des philosophies éducatives qui présentent de profondes différences. Dans la société traditionnelle l'enfant participe très tôt, et de façon très générale, aux tâches matérielles dans un environnement proche et familier: à la maison, dans le jardin, à la ferme, dans l'atelier paternel etc... Il est très fréquemment requis pour « donner un coup de main » à des tâches simples mais dont il connait l'utilité. Avec les mouvements d'éducation moderne, on entre dans une doctrine éducative centrée sur le développement de l'enfant considéré sur plusieurs plans: socialisation, acquisition de l'autonomie, développement de la pensée à travers l'action etc... Cette nouvelle et moderne considération paraît plus ambitieuse mais présente l'inconvénient d'être plus abstraite que l'ancienne.


 

Les enjeux de l'école primaire aujourd'hui et le constat de quelques difficultés éducatives qui s'y rencontrent devraient nous inciter à fusionner les deux approches auxquelles nous venons de faire allusion. Les objectifs de socialisation sont en effet beaucoup plus concrets depuis qu'il faut prévenir la violence; la lutte contre le décrochage scolaire, la nécessité de réduire les comportements de type hyper-actif, la recherche de solutions pour intéresser les élèves à des apprentissages dont le caractère abstrait déconcerte un nombre croissant multiplient les raisons de rendre la vie scolaire plus vivante, plus concrète et plus collective.

Cet appel logique vient toutefois buter sur des réticences de la part de certains de nos collègues. Rappelons la plus importante: le temps disponible n'est déjà pas suffisant pour avancer convenablement dans les programmes, ce qui serait consommé de précieuses minutes dans ces occasions nous ralentirait encore. Une autre objection devient plus fréquente avec des élèves agités plus nombreux et plus turbulents: dans ces activités autonomes, ces personnalités imprévisibles vont échapper au cadre si on leur propose des activités moins « scolaires »


 

Avant de présenter nos suggestions en matière de services des élèves, indiquons très sommairement le cadre d'objectifs dans lequel cette pratique devrait apporter sa contribution. Nous retenons quatre cibles importantes:

    • s'approprier par des actions régulières le cadre de la vie scolaire: le temps, l'espace, le matériel.

    • Éduquer à la responsabilité individuelle.

    • Découvrir l'intérêt général, la valeur du collectif. Le mot socialisation trouve ici sa portée.

    • Acquérir des savoir-faire, qui, pour cette tranche d'âge, contribuent à l'efficacité de l'écolier.

On se rapprochera d'autant mieux de ces buts qu'on disposera d'une gamme variée et équilibrée de propositions de tâches bien adaptées à l'âge des élèves.

L'inventaire qui suit ne peut pas être complet car il est le fruit de propositions partielles, toutes issues d'un groupe d'analyse de pratiques de l'AAPIE. Il est cependant représentatif des services les plus communément pratiqués dans les classes de l'école élémentaire.

Au lieu de les énumérer à l'intérieur d'une liste qui serait déroulée de façon arbitraire, nous les présentons regroupés par catégories. Les services demandés aux élèves mobilisent en effet des efforts, des gestes différents. La diversité des tâches demandées dans une même classe offre, par roulement, la possibilité à chacun d'entre eux de se confronter à des opérations matérielles, intellectuelles, sociales diverses.


 

Faire des appels.


 

    • pour contrôler les présences et relever les absences: au début de chaque journée de classe. Cette opération est envisageable avec des enfants jeunes, y compris ceux qui ne savent pas lire la liste des noms. Ils s'aident alors d'un tableau des photos.

    • L'appel des élèves qui vont fréquenter le restaurant scolaire.

    • On peut estimer nécessaire de vérifier que tous les élèves sont là quand on les regroupe après un déplacement sur un autre site que la classe (gymnase).


 

Porter des messages, des documents.


 

    • dans une classe voisine.

    • Au bureau du directeur.

    • À la bibliothèque, centre de documentation.

(La procédure détaillée est convenue entre les émetteurs et les destinataires: dépôt à un endroit, remise en main propre...)

Ce service est appelé parfois « facteur ».


 

Tâches de distribution.


 

    • Quotidiennement un enseignant doit distribuer à ses élèves les cahiers corrigés ou contrôlés.

    • Il est amené aussi à distribuer des fiches de travail polycopiées.

    • Du petit matériel de travail à la table est également à distribuer (par exemple pour des

      manipulations liées à la numération).

    • Des outils et matériaux pour des opérations de découpage /collage (ciseaux, papiers, colle...).

    • Des outils pour mesurer, tracer, colorier...

Ces distributions sont fastidieuses pour l'enseignant et faciles à effectuer pour les élèves. On décidera au cas par cas si l'ensemble de l'opération mobilise un ou plusieurs élèves.


 

Date, calendrier.


 

Cette mise à jour quotidienne s'effectue sous deux formes:

    • l'élève écrit la date: en français, dans la langue étrangère apprise.

    • L'élève manipule un calendrier (tourner des roues, placer des étiquettes).


 

Relevé « météo ».


 

Ce peut être la simple constatation du temps qu'il fait: on renseigne alors une liste de plusieurs composants (ciel, précipitations, vent, présence de verglas ou de glace...).

Il peut y avoir des mesures à relever: si on dispose d'un thermomètre extérieur, d'un pluviomètre, d'un anémomètre, d'un baromètre etc...

Dans le cas d'un relevé « détaillé », les opérations peuvent être effectuées par deux élèves. La notation sur un tableau des observations faites leur revient aussi.


 

Services attachés au matériel d'éducation physique et de sport.


 

Ces tâches sont plus ou moins nombreuses en fonction des installations disponibles, de leur éloignement ou de leur proximité de la classe, des lieux de stockage et de rangement. Parmi les actes les plus connus:

    • emporter du matériel depuis les locaux de l'école jusqu'au gymnase ou au stade, les ramener.

    • Une fois sur le site, prendre le matériel souhaité dans une réserve, le ranger à la fin des activités.

    • Participation à l'installation (de personnes, de jeux...).


 

Nettoyages.


 

Il s'agit strictement de nettoyages successifs à des activités telles que découpage, peinture, généralement activités manuelles. On peut alors considérer que ces tâches sont intégrées dans l'activité elle-même. Elles ne sont pas assimilables à l'entretien des locaux et des meubles. Le nettoyage des tableaux fait partie de ces petits services qui peuvent être demandés aux élèves.


 

Les rangements.


 

Comme pour les nettoyages, il s'agit d 'incorporer les rangements à l'activité. Ils en constituent la fin et non un supplément fastidieux. Il s'agit pour l'enseignant de bien repérer les rangements qui présentent un trait de régularité. C'est le cas pour le coin de lecture où les remises en place s'effectuent plusieurs fois chaque jour. On pensera aussi au site d'informatique; il faut éteindre les machines, remettre des disques dans des boîtes ou sur des étagères, laisser l'emplacement vide.


 

Tâches de surveillance, de contrôle, d'inscription, de vérification etc...


 

Ces responsabilités trouvent leur place dans une liste assez longue de situations très variées. Elles ont cependant des traits communs: l'élève qui en assume la charge, n'agit pas sur les objets mais joue un rôle, assume une fonction devant ses camarades.


 

    • inscrire les élèves qui se proposent d'intervenir dans les prises de parole (quoi de neuf?, entretien de début de journée...).

    • Inscrire des sujets pour un moment de régulation, de « conseil ».

    • surveiller la classe durant une brève absence de l'enseignant.

    • Être garant du calme dans un atelier (dans un coin de classe, dans le local attenant à la classe, dans le gymnase...).

    • Chef de rang: placé en tête, ou sur le côté d'une file d'élèves pour entrer dans une salle, se rendre d'un lieu à un autre...

    • vérifier que tous les points d'un déroulement, d'un ordre du jour ont été pris en compte.


 

Les fonctions assumées dans les temps institutionnels.


 

Les temps institutionnels recouvrent les activités régulières, inscrites à l'emploi du temps, à l'occasion desquelles on procède à la régulation de la vie du « groupe-classe »: mise au point hebdomadaire, conseil etc... Ce sont des situations opportunes pour s'essayer, sous le contrôle de l'enseignant, à divers rôles: président, secrétaire, reformulateur, « journaliste » etc...


 

Autres occasions de services.


 

En fonction de l'environnement, de la configuration des locaux, d'une activité exceptionnelle, d'une pratique pédagogique originale, un enseignant peut penser à donner à un élève, de façon plus ou moins durable ou par une intervention unique, une tâche utile. Dans notre groupe de travail on a signalé la fermeture des volets ou tirer les rideaux dans la classe, le fait de porter un petit équipement ou un bagage lors d'une sortie. Ces petites responsabilités n'ont rien d'insignifiant, surtout pour les élèves dans la tranche d'âge qui nous concerne. On aurait tort de chercher des complications, de vouloir trouver des actions importantes. Il s'agit, pour l'enseignant, d'une position éducative de principe: impliquer le plus possible le plus grand nombre d'élèves possible.


 

Comment utiliser au mieux ce dispositif? Réponses à quelques questions.


 

A partir de quel stade du cursus scolaire peut-on proposer des responsabilités?

La réponse de principe est simple: dès qu'un enfant devient élève nous devons agir de manière à ce qu'il se sente concerné par l'état de son environnement et le bon déroulement de la vie scolaire collective. Autrement dit, un élève, même très jeune, n'est pas semblable à un client qui consommerait des activités sans participer à l'entretien du cadre qui les permet.

Une observation touchant à la vie enfantine aide également à répondre: à la maison, presque tous les enfants même très jeunes expriment le désir de « faire », de participer, de se mêler aux actions quotidiennes. L'école ne peut donc pas se situer en retrait par rapport à ce phénomène normal.

Il est évident que toutes les tâches ne sont pas envisageables à tous les âges. Les responsabilités liées au fait de tenir un rôle, une fonction, sont les plus tardives. Celles qui ne peuvent être accomplies qu'avec la lecture et l'écriture arrivent seulement le moment venu, mais l'usage des symboles, des signalétiques, précède toujours la lecture proprement dite.


 

Comment les services sont-ils attribués? Sur volontariat? De façon aléatoire?

Là encore une réponse de principe s'impose: le service n'est pas une faveur, une distinction, une récompense et on ne l'utilise pas pour discriminer les élèves. En tant que support éducatif il constitue un passage obligé pour tous, comme n'importe quelle autre activité scolaire. C'est pourquoi on constitue des tableaux de « roulement » ou des plannings et qu'on se fixe comme but de confronter chaque élève à l'ensemble des tâches envisagées. On assimile donc ce service à une activité obligatoire.


 

Comment ajuster durées, fréquences, périodicité?

La question peut aussi se formuler ainsi: il faut changer les services « tous les combien de jours? » Deux réponses de bon sens se présentent. La première est qu'un élève doit pouvoir assumer sa tâche plusieurs jours consécutifs, sinon l'idée même de service est affaiblie. La seconde consiste à admettre que les durées ne sont pas forcément les mêmes pour tous les services. Une activité quotidienne peut être maintenue une semaine; arroser quelques plantes ne sera pas une tâche à accomplir chaque jour, on peut donc l'envisager sur une période plus longue.


 

Toutes les responsabilités se valent-elles?

Oui et non. Il faut se méfier d'une assimilation des responsabilités en classe aux fonctions sociales. Dans ces dernières on n'hésite pas à déclasser certains métiers et à en survaloriser d'autres. Ce qui aboutit à de graves méconnaissances aussi bien qu'à de sottes prétentions, certains professionnels s'estimant plus dignes que d'autres. L'enseignant insiste sur le fait qu'il accorde de la considération à la régularité, à la ponctualité et au travail bien fait.

Ensuite, si on se place du point de vue des objectifs éducatifs, on observe que toutes les tâches ne mobilisent pas les mêmes qualités, qu'elles offrent des épreuves de nature différente. Certaines requièrent la précision du geste, la volonté d'achever, le soin matériel, d'autres mettent l'élève en situation de jouer un rôle, donc de faire la différence entre sa personne et la fonction occupée momentanément; il faut alors se détacher de l'égocentrisme et manier des codes qui sont très distants des impulsions naturelles.

Le but à poursuivre, en terme d'avancée éducative, c'est de faire passer chaque élève par des alternances entre les deux catégories de responsabilités. Notons à ce propos que le déroulement (jamais parfait) de ces opérations est révélateur chez nos élèves de certains traits de personnalité que nous percevons mieux dans ce contexte que dans les situations classiques de l'apprentissage. Le cas de l'élève mal à l'aise dans les apprentissages abstraits mais sérieux et efficace dans des tâches matérielles est connu. On sait tout aussi bien que certains très bons élèves se révèlent immatures dès qu'il faut travailler dans l'intérêt général.


 

Comment améliorer le fonctionnement de ce dispositif, le renforcer, le faire évoluer?

L'organisation des services n'est pas un programme que l'on installe en début d'année et qui va se dérouler avec une réussite mécanique jusqu'au dernier jour. Nous sommes dans un processus éducatif. Cela signifie des irrégularités, des accidents, des régressions et bien sûr des évolutions positives.

La première aide tient dans la régulation avec participation des élèves. De façon périodique l'enseignant fait le bilan avec sa classe. On relève ce qui est satisfaisant, ce qui fait défaut; on n'hésite pas à engager les responsabilités individuelles et les négligents doivent s'expliquer et exprimer leurs regrets, s'engager à réparer, le cas échéant, leurs erreurs. Les élèves ponctuels et appliqués sont félicités. Il est envisageable de porter sur le tableau de services une mention de ces aspects. Cette mise au point est l'occasion d'apporter des améliorations aux services eux-mêmes ainsi qu'au fonctionnement général. On modifie une tâche en la complétant ou en l'allégeant, on la déplace dans l'emploi du temps, on décide de l'exécuter à deux, simultanément ou à tour de rôle, on introduit de nouveaux services.

Dans les classes qui disposent d'un temps institué de régulation comme le conseil hebdomadaire, c'est dans ce cadre que l'on examinera collectivement le fonctionnement de ce dispositif.


 

Cette tâche donne-t-elle lieu à l'évaluation des élèves?

Sur le principe: oui. Pour toute activité demandée par l'école, donc obligatoire et surtout estimée utile à la formation des élèves, l'enseignant a l'obligation de fournir à ceux-ci un repère sur la réussite ou l'échec. Ce qui peut se faire de manière assez simple. A la fin de chaque période de service effectué, on note sur le tableau, par un signe rapide, le niveau de réussite. On peut aussi procéder à cette opération à la fin de chaque période en faisant coïncider cette évaluation avec l'évaluation générale. On a alors le choix entre plusieurs formules pour intégrer ce résultat dans le bilan des acquisitions. Soit on le fait figurer en tant que tel; soit on l'agglomère aux acquisitions générales touchant l'autonomie ou la socialisation.


 


Date de création : 14/01/2013 @ 14:48
Catégorie : ACTIVITES - Education scolaire
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