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La salle de classe à l'école maternelle: aménagement, installations.


 


 

La difficulté principale consiste à trouver un compromis entre tout ce que l'on souhaiterait mettre en place pour répondre aux besoins d'enfants jeunes et l'espace disponible, trop restreint selon la réglementation toujours en vigueur.

Faisons observer à ce sujet, le caractère idéaliste du débat sur la scolarisation des jeunes enfants (2 à 4 ans). On discute sans limites du bien-fondé de la scolarité précoce, de ses bienfaits éventuels, en oubliant que, de toutes façons, elle ne peut s'effectuer que dans des conditions matérielles actuelles restrictives, assez pauvres finalement, sans parler des normes d'encadrement, elles aussi très faibles. Il n'existe aucune chance, dans le contexte politique et financier actuel, pour que ces contraintes soient assouplies, ce qui nous obligera ici à des propositions très réalistes.


 

Débutons par le rappel des besoins du jeune écolier impliquant l'espace scolaire, nous en privilégions cinq.


 

1/ Le besoin de mouvement. Entre deux et cinq ans, l'enfant bouge beaucoup et de façon continue. Les temps d'immobilité existent, bien sûr, mais sont très courts, voire extrêmement réduits chez quelques uns.


 

2/ Le besoin de repères dans l'espace: l'enfant jeune doit s'appuyer sur des repères matériels (ce qu'il voit, ce qu'il touche, la trajectoire qu'il effectue avec ses jambes) pour soutenir son activité. Le plan de la classe avec la distribution des lieux de l'activité, les itinéraires, lui permet de distinguer ce qui est possible, ce qui est obligatoire, ce qui est interdit. Il s'agit certes d'un repérage fonctionnel (cette activité se déroule en ce lieu) mais pas seulement; cela concerne le cadre au sens de la « loi ». Sans un espace qui rend lisible la conduite à tenir, l'enfant jeune se perd, confond, contourne et gaspille l'énergie qui serait mieux utilisée à agir pour apprendre.


 

3/ L'équilibre entre les activités libres et les activités dirigées: c'est une forte caractéristique de la pédagogie de l'école maternelle que de prévoir cette alternance. Dans les classes élémentaires, l'activité de l'élève est dirigée, prescrite dans sa presque totalité et cela simplifie l'organisation de l'espace puisque, grosso modo, l'élève reste toute la journée assis sur sa chaise devant sa table.


 

4/L'alternance entre les activités collectives, semi-collectives et individuelles. L'activité est collective si elle implique l'effectif complet, semi-collective quand elle engage une demi-classe ou des groupes plus ou moins importants. Elle est individuelle lorsque l'élève agit seul, que ce soit de sa propre impulsion ou pour exécuter une tâche prescrite par l'enseignant. L'important, pour notre réflexion sur l'espace, c'est de reconnaître dans la totalité de l'espace disponible, la possibilité pour plusieurs configurations de co-exister. Or, il est banal d'avoir trois modalités au même moment: l'enseignante travaille avec la moitié de l'effectif regroupé, deux ou trois ateliers sont installés en vue d'apprentissages spécifiques et quelques élèves sont autorisés à s'activer dans des des « coins de jeux ».


 

5/ La circulation: on circule beaucoup dans une classe maternelle. Le fractionnement de l'emploi du temps (activités courtes), le changement des emplacements pour l'activité, l'utilisation de locaux annexes et extérieurs (toilettes, éducation physique, bibliothèque...) sans parler des déplacements spontanés correspondant à l'instabilité naturelle des jeunes enfants, tous ces facteurs installent une sorte de mouvement permanent et multi-directionnel qu'il faut admettre et faciliter. Les élèves doivent connaître très vite les passages qu'ils peuvent emprunter et ces chemins ne doivent pas être encombrés. En petite section par exemple, ils n'ont pas le droit de passer sous une table ou par-dessus, ou sous une chaise, pour se rendre d'un point à un autre de la classe.


 


 

Si nous nous plaçons d'un point de vue fonctionnel, l'espace disponible de la classe doit répondre à quatre besoins primaires ou fondamentaux, trois pour l'apprentissage et un pour les commodités de l'enseignant.


 

    • pouvoir laisser place à l'effectif complet pour les rassemblements collectifs.

    • permettre l'installation simultanée de plusieurs (3 ou 4 au moins) ateliers d'activités dirigées.

    • offrir une gamme de 'coins jeux » ou « coins d'activités » pour des activités dites libres (dont l'utilisation est cependant codifiée).

    • donner à l'enseignant et à l'ATSEM la possibilité de ranger son matériel, ses outils, d'effectuer certaines manipulations préparatoires à la conduite de classe, de ranger des documents de préparation, de stocker du matériel courant peu encombrant.


 

Nous allons reprendre chacun de ces quatre points qui ne demandent pas tous autant de précisions.

Le premier et le second appellent quelques principes de bon sens, le quatrième est très lié à la personnalité de l'enseignant, nous n'insisterons que sur les aspects les plus pratiques. C'est le troisième point qui sera le plus fourni car il nous oblige à deux développements distincts, d'abord pour fixer certaines idées générales sur ces « coins-jeux », ensuite pour fournir une amorce d'inventaire. Nous débuterons donc une liste de thèmes, d'idées et de contenus qui nous paraissent utiles, intéressants à mettre en œuvre dans ce type d'installation.


 


 

Première nécessité: regrouper la totalité de l'effectif.


 

Rassembler tous les élèves dans une classe dont l'effectif approche ou dépasse 30 élèves requiert une surface importante (entre ¼ et ⅓) de la salle. C'est aussi là que s'installera la moitié de l'effectif à l'occasion d'une organisation qui répartit les élèves qui restent en plusieurs ateliers plus ou moins autonomes. Dans une classe maternelle à deux niveaux, cette situation se présente souvent.

Cet espace doit être suffisant pour offrir une place (assise) à tous les élèves. Les activités « au niveau du sol » y sont envisageables; Un arrière-plan permettant des affichages temporaires, des présentations de documents et d'objets y est indispensable. L'enseignant se trouve ici face aux élèves; Il lui est nécessaire de se déplacer latéralement, de s'asseoir et de se lever, de manipuler des panneaux, des objets, des tableaux.

Lorsqu'ils sont sur ce lieu de regroupement, les élèves sont le plus souvent assis pour une durée qui va d'une dizaine de minutes à presque une demi-heure. Les séances en regroupement se présentent comme une suite d'activités brèves et alternées avec, dans une phase initiale, des supports à observer. La disposition des élèves doit leur permettre de voir ce qui doit être vu (une affiche placée en face, un tableau portant diverses traces, des objets posés au sol ou sur une table basse). Selon l'effectif ils seront placés en demi-cercle sur deux rangs le plus souvent, le premier assis sur le sol, le second sur des bancs généralement. Le sol doit donc, pour un confort minimum, être garni d'un tapis ou d'une moquette très épaisse pour accueillir le « premier rang » assis.

L'enseignant se tient face au groupe, dans l'axe central, assis sur la chaise ou debout pour manipuler les différents supports de son travail. Les éléments documentaires et d'observation sont présentés sur des panneaux fixes ou amovibles, ou sur des tableaux muraux.


 


 

Second besoin: faire travailler les élèves en petits groupes et individuellement.


 

Il s'agit ici de la partie de la salle où se trouvent les tables et les chaises et consacrée aux activités plutôt silencieuses, très souvent individuelles organisées sous la forme dite d'atelier. Un très grand nombre d'activités se pratiquent aussi à travers des manipulations de la plus grande diversité (découpages, déchirages, collages, fixations diverses, assemblages, puzzles, graphismes, coloriages, constructions, fiches polycopiées etc...).Cette liste des activités d'atelier est seulement ébauchée car nous ne visons pas ici la description des activités mais nous voulons faire ressortir quelques obligations d'aménagement:


 

    • les élèves au travail disposent d'une surface de travail suffisante pour manier et déplacer un matériel plus ou moins encombrant.

    • Une fois assis sur leur chaise, ils ne doivent pas être trop serrés. Les enfants jeunes ont une amplitude de geste plus importante que leurs aînés et les contacts et interférences avec leurs voisins provoquent la déconcentration.

    • Le groupe classe doit pouvoir se répartir dans cet espace entre plusieurs ateliers distincts.

    • La circulation à travers ces ateliers doit pouvoir rester fluide; aussi bien pour les élèves qui s'installent ou qui quittent leur poste d'activité que pour les adultes (enseignant et ATSEM) qui contrôlent et animent ces ateliers. Autrement dit, il est possible de faire le tour du bloc formé par ces tables et chaises et de pénétrer à l'intérieur. Existe-t-il un bon format pour les tables? Les grands formats ont l'avantage de bien matérialiser un regroupement mais elles sont moins modulaires que les tables individuelles que l'on peut composer, décomposer et recomposer (par 2,3,4 ou plus). En cas de besoin, on peut en écarter une du bloc pour isoler un élève turbulent ou défaillant dans sa concentration.


 

Troisième obligation: la place pour que les adultes travaillent.


 

Ne nous illusionnons pas: c'est toujours ce qui reste une fois que les élèves ont été servis et on ne peut pas inverser cette logique.

Dans la plupart des classes de l'école maternelle, deux personnes travaillent simultanément à l'encadrement des élèves: l'enseignante et l'ATSEM.

La première a besoin d'avoir à sa portée un certain nombre d'objets, de documents, d'outils nécessaires à la conduite de classe. Les documents écrits de la préparation sont consultables à tout moment, à proximité et disponibles au regard. Ce qui nécessite une petite table ou un coin de bureau. Des rangements de proximité, très directement accessibles, reçoivent des documents classés, les préparations déjà utilisées, les supports d'activités en cours (albums, images, étiquettes didactiques etc...). Les besoins de l'ATSEM sont assez importants car elle effectue en continu des opérations de préparation du matériel pour les élèves, met en ordre, classe,identifie et étiquette les travaux achevés de ceux-ci. Elle range également des matériaux utilisés quotidiennement (peinture, pinceaux, ciseaux, crayons, papiers colle etc...). On pourrait dire qu'elle est magasinière et préparatrice et en plus moderne, responsable de la logistique de l'enseignement conjointement avec l'enseignante. Autant de raisons pour penser à ses besoins: lieux et contenants pour ranger de façon méthodique et surfaces pour manipuler les travaux d'élèves.


 

Quatrième besoin: les « coins-jeux » et ateliers.


 

Nous laissons de côté ici le débat sur la valeur de cette sorte d'installation dans les classes de l'école maternelle. Nous nous attacherons seulement à des considérations pratiques et de méthode. Le débat sur le fond sera traité à part, à l'intérieur de nos réflexions sur les orientations (et les éventuelles désorientations modernes) de l'école maternelle.


 

Quelques principes, en rapport avec l'organisation de l'espace, vont être exposés d'abord puisque c'est à cet aspect que s'attache globalement notre chapitre. Les contenus et les règles d'usage (le mode d'emploi) feront ensuite l'objet d'un chapitre particulier que l'on est obligé de détacher de cet exposé sur l'aménagement car il y a beaucoup à dire, que ce soit sur les contenus thématiques et matériels (qu'est-ce qui fait l'objet d'un « coin »- de jeux ou d'activités?) ou qu'il s'agisse de leur usage par les élèves (quels apprentissages vont-ils y faire? Comment y réguler leur activité?).


 

Voici donc quelques règles, peu nombreuses, dont il faut se soucier pour organiser concrètement dans l'espace, ces lieux appelés « coins-jeux ».


 

    • Il faut disposer d'un nombre suffisant de coins. Pourquoi? Ce n'est pas le nombre qui fait la valeur mais c'est le rôle rempli par ces installations qui le réclame. L'effectif des classes nécessite la répartition d'un nombre important. A moins de 5 ou 6 possibilités, on risque la concentration dans les quelques possibilités offertes. Si nous avons besoin d'un nombre significatif de lieux, il s'ensuit que chacun d'entre eux ne disposera que d'une petite surface au sol (compter au maximum 4 m²; mais on peut avoir des installations un peu plus restreintes n'accueillant que deux élèves par exemple).

    • Un certain degré de variété, de diversité de ces installations est à respecter. Nous ne pensons pas ici à la « collection » mais plutôt à l'équilibre entre deux catégories de lieux: ceux qui sont dédiés au jeu enfantin libre et ceux qui offre des apprentissages que l'on considèrera comme plutôt scolaires. Précisons la portée de ce terme: il s'agit d'activités que l'école risque d'être la seule à proposer, car la famille ne le fait pas, ou pas partout. Inversement, les jeux que l'on a étiquetés comme libres sont ceux que les jeunes enfants ont généralement pratiqués à la maison.

    • Les accès à ces installations sont directs. On y entre par les couloirs de circulation usuels de la salle de classe. On n'accède pas à un coin en traversant un autre, ou en venant d'un autre.

    • Le mobilier, les équipements, y sont légers et facilement amovibles. Certains coins sont transformés une ou plusieurs fois au cours de l'année scolaire et leur déménagement ainsi que leur ré-installation doivent être faits par une seule personne ne possédant pas de force physique particulière.

    • La délimitation entre deux coins ou ateliers est toujours palpable, visible, même si c'est à l'aide de matériaux très légers (un rideau).

    • Chacun de ces lieux est facilement identifiables, y compris par des enfants très jeunes. On évite les installations polyvalentes où des activités différentes co-existeraient. Le mélange des objets, la production de gestes antagonistes, les interférences de toutes sortes sont vite arrivés et font dégénérer l'activité. On peut résumer le propos en disant qu'il ne s'agit pas d'un lieu ou plusieurs élèves pourraient s'adonner séparément à des activités séparées mais plutôt d'un espace ou quelques élèves sont rassemblés par une même médiation. Bien sûr, la coopération n'est pas automatique; surtout avec de très jeunes enfants en début de petite section, mais la socialisation de l'espace et des objets est toujours visée et espérée.

       


Date de création : 08/10/2012 @ 18:16
Catégorie : ACTIVITES - La Maternelle
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