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L'installation matérielle de la salle de classe:

Principes généraux.


 


 

Dans ce chapitre on ne présentera pas de « plan modèle ». La première raison en est que l'organisation de l'espace de classe doit demeurer un outil « à la main » de l'enseignant; ce dernier doit trouver cet espace facile à manier et correspondant aux caractéristiques globales de la conduite de classe. La seconde raison tient au fait que cet aménagement évolue beaucoup depuis la première scolarisation jusqu'à la fin de l'école élémentaire.

Nous ne souhaitons ici que rappeler les enjeux les plus importants de cette distribution des espaces afin de permettre à chacun d'effectuer ses choix, d'affirmer ses priorités et d'éviter des erreurs.


 

Observons que l'installation matérielle de la classe n'est pas un sujet « noble » à l'intérieur du champ de la réflexion pédagogique. Celle-ci se montre assez indifférente aux conséquences matérielles de ses préconisations. Elle peut, par exemple, inciter à la pratique de différenciation ou d'individualisation, recommander les travaux par groupes, inviter à équiper la classe en ateliers divers (artistiques, technologies nouvelles, sciences etc...) ou en lieux dédiés à la lecture etc... sans se demander si les surfaces règlementaires (presque jamais dépassées) sont suffisantes.

Nous n'hésitons pas à souligner cette incohérence durable: les recommandations pédagogiques, depuis plusieurs décennies, convergent toutes vers l'accroissement des équipements de la classe et la décentralisation des élèves ainsi que le fractionnement du groupe-classe, sans que jamais les normes règlementaires des surfaces aient été améliorées.


 

Les enjeux de l'organisation de l'espace de la classe concernent tour à tour l'enseignant et les élèves.

Pour l'enseignant, la disposition matérielle est un outil de travail, un des moyens de sa conduite de classe « Faire la classe », c'est nécessairement dans un espace organisé de certaine manière qui permet certains actes mais en interdit d'autres.

Concernant les élèves, deux catégories d'enjeux sont à distinguer. En premier, l'espace est un repérage (comme l'emploi du temps). Ensuite, l'organisation spatiale socialise les élèves, régule l'activité de chaque individu à l'intérieur d'un groupe. Devenir élève c'est se montrer peu à peu capable d'utiliser un espace collectif en acceptant les possibilités mais aussi les restrictions qui s'y attachent. L'observation des élèves asociaux ou hyper-actifs met bien en évidence cette difficulté qu'ils ont à assumer la construction très contraignante de l'espace scolaire.


 

La construction de l'espace dans la classe nous ramène à un débat très célèbre sur la frontalité et la déconcentration de l'acte d'enseignement. Cette querelle très moderne, agitée avec passion, s'impose ici, brièvement d'ailleurs, pour mentionner des conseils de prudence dans l'aménagement.

L'examen de cet affrontement entre les partisans (qui se croient forcément modernes et innovants) d'un mode déconcentré et libre d'enseignement et les tenants (que l'on dit attardés et nostalgiques) d'une technique frontale et magistrale devrait nous ramener au bon sens. Celui-ci amène à constater que la proportion de temps décentralisés reste tout de même réduite et que la conduite de classe ordinaire implique une frontalité; au sens non péjoratif de ce terme, qui finalement est une contrainte de la situation d'enseignement collectif avec les effectifs qui sont (et resteront) les nôtres. Ce que nous souhaitons dégager ici, de ce fait, c'est l'intérêt qui est le nôtre à ne pas se laisser emporter vers des organisations, des plans de classe très éclatés, fragmentés, qui affaibliraient en bien des occasions notre nécessaire emprise sur la totalité du groupe. Agencements qui d'ailleurs, de façon réciproque, en offrant par principe à des élèves une autonomie présumée m ais loin d'être acquise, contribueraient à accroître toutes sortes de turbulences et de transgressions.

Nous déconseillons donc les installations atomisées en nous réservant la possibilité occasionnelle (ou périodique), d'organiser des travaux par groupes, des ateliers, des regroupements spécifiques (de soutien par exemple) grâce à des aménagements temporaires.


 

Quels sont les repères à ne pas perdre de vue quand on aménage sa classe?


 

Nous allons présenter successivement une dizaine de points auxquels nous devons être sensibles. En voici l'annonce:


 

    • l'espace pour l'enseignant, ses outils, sa conduite de classe collective.

    • La circulation de l'enseignant dans la classe.

    • Les élèves se déplacent: quand? pourquoi? comment?

    • Placer les élèves: un compromis entre permanence et opportunités.

    • Des espaces polyvalents (un seul peut-être): pour quelles activités?

    • Les rangements dans la classe.

    • Le coin des technologies nouvelles.

    • Exposer, présenter des objets.

    • Livres et lecture dans la classe.

    • Les affichages (ce point fait l'objet d'un chapitre autonome dans notre guide).


 

Cette liste peut, indiscutablement être allongée par la mention d'activités tout à fait légitimes: sciences et technologie, activités artistiques par exemple. Lorsque nous accroissons le nombre de propositions il faut savoir si nous disposons ou pas de surfaces annexes (atelier entre deux classes ou salle contigüe non utilisée). D'autre part des installations peuvent alterner ou être présentées en rotation, au cours de l'année scolaire sur un même lieu. Celles que nous avons indiquées dans la liste qui précède (technologies nouvelles et lecture) nous paraissent prendre un caractère de permanence.

Reprenons maintenant chacune de ces propositions pour argumenter et détailler.


 

1/ L'espace pour l'enseignant.


 

Celui-ci devra se réserver les commodités suivantes:

    • pouvoir bouger face aux élèves sur toute la largeur de la classe et disposer pour cela d'un « couloir latéral » libre.

    • Se déplacer sans obstacles le long du « plan-mur » (derrière lui), le long des tableaux et des affichages muraux.

    • Circuler autour du bureau, quelle que soit la place de ce meuble.

    • Disposer, sur les côtés, d'un support de type « table, pour y poser à proximité les documents de travail (préparation, fiches, cahiers d'appel et registres, cahiers d'élèves à contrôler, matériel pour écrire, effacer, fixer etc...

    • être équipé de quelques étagères ou casiers permettant le rangement de sa documentation, de ses préparations, de ses documents vidéo ou audio ainsi que le stockage de petits matériaux pour lui ou les élèves (papier, matériaux à coller, agrafer etc...) et de quelques outils (ciseaux, crayons...) Toutes ces petites installations sont dédiées à des rangements immuables car le maître, en plaine conduite de classe, doit pouvoir mettre la main sur ce dont il a besoin, sans chercher et sans perdre le contact avec les élèves.


 

2/ La circulation de l'enseignant dans la classe.


 

La contrainte est simple à formuler: le maître doit pouvoir faire le tour complet de son groupe, rapidement, et aucun élève ne doit se sentir « inaccessible » ou « hors de portée ».

Si la classe comporte deux niveaux, tous les élèves de chaque niveau sont également à portée d'intervention. Cela suppose, le plus souvent, un couloir, même restreint, entre les deux regroupements.

Notre observation relative à l'accessibilité des élèves n'est pas seulement fonctionnelle, elle est aussi symbolique. Du point de vue de l'élève, qui est, rappelons-le, un enfant jeune, il se trouve à la « même place » que les autres concernant sa relation avec l'enseignant. Il faut éviter de susciter un sentiment d'isolement ou de « place à part », sauf s'il s'agit d'une mesure temporaire exigée par le maintien de la discipline. Nous tenons également à la fluidité et à la rapidité du mouvement de l'enseignant pour des motifs éducatifs et d'efficacité pédagogique. La différenciation et l'individualisation dont on parle tant, s'exercent aussi, hors de toute complication organisationnelle, par l'intervention très rapide et très brève près d'un élève passif ou inquiet ou en panne de son activité.


 

3/ Les déplacements des élèves.


 

Il est indispensable de ré-affirmer d'emblée, surtout dans un temps où l'on observe de « l'hyper-activité » ordinaire chez de nombreux enfants, que les déplacements en classe ont toujours une raison, une utilité, un sens. Un élève ne se promène pas dans la classe. Bien sûr, nous savons que certains sont tentés de le faire, mais nous continuerons à considérer cette conduite comme une inadaptation scolaire qu'il faut traiter, mais en aucun cas nous n'accepterons la déambulation gratuite.

Chaque enseignant établira donc la liste des circonstances autorisant à quitter sa place ainsi que les destinations possibles de ce déplacement. Ces autorisations sont connues des élèves et font l'objet, dès que possible, d'un affichage.

Rappelons quelques unes de ces opportunités qui font vraiment partie du déroulement de la journée scolaire; l'élève peut quitter sa place pour:

- pratiquer une activité autorisée après avoir achevé sa tâche avant la fin du temps accordé.

    • exercer un responsabilité, courte en durée, d'intérêt collectif, sur demande de l'enseignant: collecter des cahiers, distribuer des fiches...

    • accomplir un « service » prévu dans le règlement de la classe, par exemple, arroser un semis, nourrir un animal, relever une indication météo...L'enseignant peut avoir prévu un moment fixe pour cela ou autoriser les élèves au cas par cas.

    • effectuer une tâche nécessaire au travail d'un groupe dans lequel il se trouve (aller chercher un document, un dictionnaire).

    • se rendre dans un regroupement de quelques élèves pour une activité de soutien.

    • se rendre dans un atelier (sciences, lecture...) dans le cadre d'une organisation prévue par l'enseignant.

    • aller, sur demande de l'enseignant, dans une autre classe, dans un local spécialisé (bibliothèque), dans le bureau du directeur, pour un service souhaité par l'enseignant (ramener un document par exemple).

    • se rendre à une prise en charge spécialisée (réseau d'aide).

    • aller aux toilettes (dans le cadre prévu par le règlement de classe qui fixe des limites et accorde des dérogations particulières).


 

4/ Le placement des élèves.


 

C'est un sujet qui se situe à la jonction du matériel et de l'éducatif. Comment placer les élèves? Un compromis est à trouver entre la préoccupation de stabilité des places et la nécessité d'opérer quelques changements en cas de besoin. Affirmation préliminaire: chaque élève est titulaire d'un emplacement en principe permanent et obligatoire. C'est pour lui un repérage pratique (il regagne sa place sans hésiter et vite) et une assurance symbolique (il a sa place garantie).Pour l'enseignant, la permanence de la localisation des élèves est une condition d'efficacité. Le maître ne doit pas chercher où est l'élève mais le trouver d'instinct (presque « les yeux fermés ») que ce soit pour s'adresser à lui par la parole ou par un signe, se diriger vers lui pour intervenir sur son travail. Les élèves peuvent changer de place lors de travaux de groupes mais un comportement dérangeant peut être sanctionné par un changement de place. Ce sera alors une mesure d'éloignement, de mise à l'écart, d'isolement et on évitera de lui offrir la place d'un autre.

Il est déconseillé de laisser aux élèves le choix de leur place en début d'année. Cette pseudo autonomie n'aboutit qu'à des querelles, à des revendications et incite à des rivalités. L'enseignant préparera à l'avance la distribution des places (comme pour un plan de table lors d'un dîner officiel). S'il a des motifs pour placer certains élèves de façon particulière, il n'hésitera pas. Sinon, surtout avec des « grands » il peut procéder de façon aléatoire, par « tirage au sort » et le faire savoir aux élèves. En principe, les élèves sont placés pour l'année scolaire mais on peut, surtout pour la cycle 3, effectuer une modification semestrielle du plan.


 

5/ Les ressources offertes par le (ou les) espaces polyvalents.


 

« Espaces polyvalents » dans une salle de classe de 50 à 60 m², peut paraître une formule bien abstraite. On débutera par une définition à la fois humoristique et concrète: c'est ce qui reste quand tous les élèves sont placés, que l'enseignant peut ranger son matériel et que la circulation n'est pas bloquée!

Pourtant nous écrivons nos chapitres pour guider le professeur des écoles ce qui nous oblige tout de même à des propositions: dans le reste, même très petit, d'espace disponible (le fond de la classe), plusieurs dispositifs peuvent trouver place, nous les énumérons:


 

    • un petit regroupement de soutien d'élèves en difficulté. Soit une table pour une moyenne de ¾ élèves avec les chaises autour (il faut éviter de demander d'apporter sa chaise).

    • Une place pour s'installer quand on a fini son travail: ce peut être un poste individuel, davantage en fonction des emplacements disponibles. Cette installation accueille éventuellement l'élève mis à l'écart pour des nécessités d'isolement (perturbations) ou de concentration (travailler seul, sans voisins).

    • Un atelier temporaire ou des apprentissages et activités spécifiques (artistiques, scientifiques par exemple).

Bien évidemment, faute d'espace, une seule grande table en fond de classe, sera d'une grande utilité. Très polyvalente, elle pourra rendre tous les services que l'on vient d'évoquer, mais pas simultanément. Il faudra prévoir, à proximité de cette table (ou des tables), les rangements utiles (pour du matériel, des fichiers de travail autonome, des jeux éducatifs).


 

6/ Les rangements dans la classe.


 

Ceux de l'enseignant ont déjà été évoqués avec leur localisation dans la zone où il se tient le plus souvent.

La première question que l'on se pose est éducative: si on estime utile de faire participer les élèves aux rangements, il faut alors définir ce qui est possible puis installer ce qui est nécessaire.

On recense, pur commencer, tous les outils, objets, matériaux que les élèves peuvent, en fonction de leur âge, aller prendre et replacer. C'est le moment, à l'inverse, de mettre hors de leur portée, tout ce qui doit leur rester étranger.

Doivent être particulièrement accessibles les dictionnaires et autres usuels, les matériaux tels que papier de brouillon, le petit outillage ordinaire (ciseaux, crayons...). Les supports de travail individualisés (fiches) sont présentés classés et étiquetés. Des casiers et des rayonnages sont les solutions les plus simples, on évite les tiroirs. Si le mobilier disponible le permet, un rangement individuel nominal est intéressant. Il faut des rayonnages de faible hauteur pour que chaque élève puisse disposer et reprendre, à son emplacement, un cahier, un dossier, une pochette de documents etc... L'étiquetage nominal est indispensable.

Les élèves rangent également tous les jeux et matériels éducatifs qu'ils utilisent à des moments de temps libre.


 

7/ Le coin des technologies nouvelles.


 

Le volume de l'installation est proportionnel au nombre d'élèves que l'on envisage de placer simultanément. Dans la plupart des classes on dispose de 1 à 3 postes de travail.

On pense évidemment à profiter du mur qui se trouve éventuellement derrière les machines pour le faire travailler à l'aide d'étagères et de casiers. C'est dans ce rangement que l'on déposera forcément les ressources TICE (coffrets de Cdrom). Le coin des TICE possèdera un affichage relatif aux règles d'occupation du lieu et aux protocoles d'utilisation des machines. Les câbles et la connectique situés à l'arrière des machines seront protégés par un cache.


 

8/ Un lieu de présentation et d'exposition temporaire d'objets.


 

Ce n'est pas une installation permanente mais un dispositif d'opportunité auquel on pense lorsque l'on veut concrétiser, mettre en valeur des objets relatifs à un thème scientifique, technologique, historique; des petites cultures en pots ou en bacs, des collectes effectuées lors d'une sortie et de petits objets en volume issus de l'activité de création artistique.

Ces présentations temporaires s'effectuent à l'aide d'une table aisément escamotable obtenue à l'aide de deux tréteaux et d'un plateau léger qui seront, après usage, stockés hors de la classe. La très grande rapidité de la mise en place incite à tirer profit de cette intéressante possibilité.


 

9/ Livres et lecture dans la classe.


 

On a parlé de bibliothèque de classe avant l'époque des BCD et des bibliothèques d'école. Le rôle du « coin lecture » ou du « coin des livres » dans la classe n'est pas comparable avec celui de la BCD. Il ne s'agit surtout pas d'une BCD réduite mais d'un lieu très restreint, d'utilisation intermittente et dont les ressources sont très limitées. On n'y organise pas d'activités dirigées et systématiques. Ce petit espace accueille un ou deux élèves, principalement dans des « temps morts » de l'emploi du temps, lorsque des élèves ayant achevé une tâche peuvent se « changer les idées », se détendre, s'occuper à une tâche silencieuse. L'équipement est minimaliste: une étagère avec quelques rayonnages et un ou deux bacs recueillent livres et albums, les élèves s'installent au sol sur une moquette, un tapis, quelques coussins. L'utilisation de ce lieu est régulée et un affichage rappelle ce qui est permis ou interdit.


 

10/ Les affichages dans la classe.


 

Ce point nécessite un exposé assez détaillé. Pour cette raison nous l'aborderons de façon distincte dans le chapitre qui suit.


Date de création : 28/09/2012 @ 15:10
Dernière modification : 01/05/2015 @ 16:57
Catégorie : ACTIVITES - Guide pratique du professeur des écoles
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