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Fiche n°8


 

La préparation des apprentissages éducatifs


 


 


 

Qu'est-ce que les apprentissages éducatifs?


 

En première définition, très simplifiée, on dira que ce sont les apprentissages qui ne relèvent pas des programmes ou des « matières » et qui ne sont pas non plus des méthodes de travail.

Ensuite, on précisera qu'il s'agit d'apprentissages sociaux, nécessaires pour vivre dans le groupe d'élèves d'abord et s'adapter à la vie scolaire, ensuite pour se préparer à exercer ses responsabilités en société.

Enfin, on peut ajouter à ce domaine la familiarisation avec ce qu'on appelle des valeurs, à condition que ces dernières soient largement acceptables. Ainsi on obtiendra un large consensus pour souhaiter que les écoliers soient éduqués au respect des différences, au souci des plus faibles, à la coopération etc...

Plus on généralise sur ces valeurs, plus on risque des objections. Si au contraire on les relie étroitement aux obligations de la vie scolaire (assimiler les règles de celle-ci), on obtiendra facilement l'adhésion de tous les partenaires de l'école.


 


 

Faut-il leur réserver une place spécifique?


 

Pour les collègues qui proposent ce « guide », la réponse est positive. Sinon il n'y aurait pas de raisons d'engager ce travail. Mais nous savons qu'il existe des objections et que nombre de professeurs estiment que les objectifs éducatifs sont naturellement inclus, diffus, dans l'ensemble de l'activité scolaire. Notre souci ici, sans méconnaître cette immersion de l'éducatif dans l'activité ordinaire, est de prendre en compte certains besoins, même certaines urgences actuelles et d'éviter la « dissolution » du travail éducatif dans un ensemble trop flou.


 


 

Quelques arguments à considérer:


 

Les objectifs proprement éducatifs sont mentionnés dans tous les textes officiels. Il y a une volonté, à ce niveau, de responsabiliser l'école.

Ensuite, l'évolution que nous pouvons constater dans la manière dont s'effectue l'éducation familiale et se poursuit sa partie sociale, nous pousse à assurer certaines bases que nous sentons fragiles ou lacunaires.

Enfin, si nous ne le faisons pas par conviction, nous sommes souvent contraints d'éduquer par nécessité professionnelle. Tout enseignant apprend vite que si certains cadres éducatifs ne sont pas posés, c'est l'enseignement lui-même qui est compromis. D'un autre côté, l'incitation officielle à éduquer ne débouche pas sur des décisions d'organisation ou de contenus. Aucune plage des emplois du temps, aucune fraction de l'horaire scolaire n'est explicitement dédiée à cette entreprise.

Implicitement, ces objectifs sont annexés aux apprentissages disciplinaires. Quand les incitations officielles évoquent des activités spécifiques (pratiquer le débat en classe, instaurer des conseils pour réguler la vie collective, donner des responsabilités etc...) on essaie toujours de « recycler » ces propositions dans des contenus ou des savoir-faire déjà affirmés: développer la communication orale, transmettre une culture civique, etc...

Nous insistons sur cette ambiguïté et nous sommes convaincus qu'elle concerne aussi bien le discours officiel que les pratiques de terrain: nous sommes tous d'accord pour promouvoir l'action éducative mais mal disposés pour indiquer où et comment cela se passera. De ce fait, comme à chaque fois que l'on ne sait pas « quoi et comment ? » le risque de dilution ou d'évacuation est grand. Notamment quand il s'agit de préparer sa classe.


 

Évoquons tout de même une différence entre l'école maternelle et l'école élémentaire. Dans le premier cursus les choses sont beaucoup plus claires; on sait très bien, pour dire les choses avec un peu de simplicité, qu'il faut transformer un enfant en élève et cette catégorie d'apprentissage apparaît avec clarté dans les instructions officielles. Elle se traduit très précisément en « activités ».


 

Nous allons ici nous concentrer sur la difficulté propre à l'école élémentaire.

C'est à ce niveau que le problème est le plus compliqué car le risque est élevé de minimiser ou de refouler le thème éducatif. Ce qui va porter à des conséquences graves mais pas forcément identifiables quant à leur origine. Si on sous-estime le travail éducatif à ce niveau on enregistre une déperdition très importante, une chute de rendement dans les apprentissages. La tendance est alors d'incriminer une pédagogie et de vouloir la sophistiquer, sans obtenir pour autant de meilleurs résultats.

Pour aider à construire une méthode à l'école élémentaire nous allons réfléchir successivement à deux niveaux. D'abord en faisant le tri parmi l'ensemble des activités scolaires en les affectant d'un indice plus ou moins élevé de potentiel éducatif, ensuite en orientant l'activité de préparation proprement dite: que prévoir? quand prévoir? sous quelle forme?


 

Les différents degrés de l'éducatif dans l'ensemble des activités à l'école élémentaire:


 

Il n'existe pas d'activités scolaires dans lesquelles on ne trouverait aucune composante éducative. Toute tâche proposée à un élève implique, au-delà de l'appropriation des contenus et des méthodes, des attentes qui touchent à l'éducation: respecter une consigne, achever une tâche, présenter son travail avec soin, ne pas copier sur son voisin, demander la parole et ne pas interrompre celui qui l'a etc... Cependant certaines activités comportent une proportion importante de ces exigences et parfois elles peuvent être prioritaires. Pour aider à apprécier ces degrés, une hiérarchie selon quatre niveaux va être proposée maintenant.


 

Activités de niveau A: à valeur éducative ordinaire, ou banale. Lire silencieusement un texte, résoudre individuellement des opérations, recopier un résumé inscrit au tableau, effectuer seul un parcours gymnique, apprendre par cœur une liste de mots etc... La journée scolaire se présente le plus souvent comme la succession de telles activités à propos desquelles ne s'exercent pas de préoccupations éducatives singulières. On se contente d'obtenir le calme ou le silence, on espère la concentration, le respect des signaux pour commencer et pour finir.


 

Activités de niveau B: commençons par quelques exemples: questionnement à l'ensemble des élèves à partir de l'observation collective d'un document, exposé fait par un élève ou une équipe de quelques élèves devant la classe, lecture à haute voix en situation collective, récitation de poèmes, passage d'un élève au tableau pour résoudre une opération etc... Ces situations, très fréquentes également, obligent au respect de règles, de procédures; elles impliquent un code de conduite et des limites qui ne sont pas maîtrisées du premier coup. Une vigilance particulière du professeur est requise pour faire progresser tous les élèves dans ce sens.


 

Activités de niveau C: il s'agit de situations de travail dans lesquelles les composantes éducatives sont à part égale avec les apprentissages intellectuels et culturels. Exemple: un débat collectif est organisé à propos d'un thème d'intérêt général ou d'un livre lu. Les buts liés aux connaissances sont présents mais pas plus importants que le respect de l'opinion d'autrui, l'obligation de justifier ses préférences, l'acceptation de ne pas « sortir du sujet » etc... Encore plus nettement que pour le niveau B, l'enseignant qui veut obtenir des résultats et des progrès devra construire une démarche durable et respectant des étapes.


 

Activités de niveau D: activités essentiellement centrées sur des objectifs éducatifs. Des exemples: pratique d'un conseil d'élèves hebdomadaire destiné à réguler la vie collective dans la classe, mise au point et fonctionnement d'un système de « services » ou de « métiers » en vue de développer la prise de responsabilités, établissement d'un code de règles à observer sur la cour de récréation...


 

Le classement que l'on vient d'effectuer comporte un caractère approximatif; on peut discuter du nombre de catégories. Mais cette perspective est utile pour continuer la réflexion sur la préparation car les différents « niveaux » entraînent des attitudes différentes quand il s'agit de préparer.

A propos de cette préparation, nous allons examiner successivement trois aspects:

    • la nécessité d'un projet éducatif global.

    • les contenus et objectifs de la préparation « éducative ».

    • les aspects matériels et chronologiques de la préparation.


 

Indications utiles pour préparer un projet global:


 

Nos objectifs éducatifs vont se définir sur trois niveaux:


 

1/ Le niveau de la conduite de classe et des postures de travail des élèves:

C'est à ce niveau que l'on explicitera ce que l'on attend d'eux au fil de la journée dans les actes successifs: règles de la prise de parole à l'oral, règles du respect des signaux pour débuter ou achever une tâche, conformité aux consignes et indications de travail, utilisation d'outils individuels et collectifs, tenue de cahiers, restrictions et possibilités de déplacement dans la classe etc... Cette liste est très fournie, on se contente de l'amorcer ici pour en faire comprendre l'enjeu. Il est préférable que le professeur sache à l'avance ce qu'il veut plutôt que de découvrir, au fur et à mesure que les élèves « ne le font pas spontanément ». Pour que les élèves se conforment à certaines exigences il faut les exprimer au départ (ou au moment opportun), indiquer que l'on ne transigera pas à ce sujet même si le résultat n'est pas immédiat.


 


 

2/ Le niveau de la vie collective dans la classe:

Il s'agit là de préciser toutes les règles et limites liées au fait que dans de nombreuses situations les élèves sont en inter-action, coopèrent, utilisent un espace et des outils communs. C'est dans ce cadre qu'un enseignant prépare ses dispositifs de travail en équipes, en groupes et qu'il leur affecte une progression allant du plus court et du plus simple au plus complexe et au plus long. Les règles relatives au travail autonome (d'un groupe ou d'une demi-classe quand il y a deux niveaux ou pour dégager des moments d'aide différenciée) entrent dans cette catégorie. C'est aussi le moment de penser à ce que les élèves peuvent faire ou non quand ils ont achevé une tâche en avance.


 


 

3/ Le niveau d'une « pédagogie institutionnelle »

La classe est une institution et de ce fait, toute pédagogie est un peu institutionnelle. Elle peut l'être intuitivement au « coup par coup » mais aussi de façon décidée et globale lorsque le professeur veut résoudre globalement l'ensemble des problèmes que pose la vie collective et qu'il espère de surcroît offrir une expérience enrichissante à ses élèves.

Nous sommes dans cette option lorsque nous décidons de créer des temps réguliers tout au long de l'année scolaire pour que les élèves apprennent à construire, valider ou modifier leurs règles de vie et leurs modalités de travail. Naturellement à l'intérieur du cadre règlementaire existant!

Une telle démarche implique de nombreux éléments de préparation à long terme: l'emploi du temps avec des places fixes et des durées suffisantes pour les « conseils » et les régulations, une définition des objectifs pouvant être atteints raisonnablement à un niveau ou à un âge donnés (occuper des fonctions, noter et rédiger des décisions et les afficher, être capable d'exercer la parole tant pour l'obligation de dire que pour la nécessité de se restreindre). C'est aussi par anticipation que l'on établira la liste des « métiers » ou des responsabilités que les élèves auront à assumer selon certaines rotations. L'enseignant devra aussi avoir réfléchi aux modalités de sanction (ou de valorisation) que de tels fonctionnements rendent nécessaires.


 


 

Quelques indications matérielles et chronologiques pour ce type de préparation:


 

Effectuer l'inventaire des besoins éducatifs de niveau 1: pour cela il faut faire défiler la succession des moments d'une journée scolaire ordinaire puis visionner l'ensemble des outils et matériels utilisés par les élèves à titre personnel ainsi que les installations, matériels et ressources existant dans la salle de classe.


 

Établir des progressions et des programmations pour le niveau 2; notamment pour les travaux par équipes ou de groupes de façon à ne pas fixer trop vite de trop nombreux objectifs. Rédiger des organigrammes simples pour décrire les règles, les fonctionnements, les rôles dans ces activités. Choisir les apprentissages qui se prêtent à ces démarches.


 

Pour aborder le niveau 3, une préparation spéciale s'impose. D'abord une réflexion intérieure pour éprouver l'intérêt réel que l'on porte à un tel projet qu'il ne faut aborder ni par idéalisme ni par souci de moderniser ou d'originalité. Ensuite la recherche de ressources est indispensable: auprès de collègues connus pour posséder l'expérience de ce travail, auprès de mouvements pédagogiques ou d'associations qui s'en préoccupent.


 

On peut dire, concernant l'ensemble des démarches éducatives, que leur préparation est  à « long terme ». Il faut anticiper. Pas seulement à cause de la densité du travail mais surtout parce qu'il est indispensable d'avoir pris ses décisions et formulé sa méthode avant la rentrée des classes. Les virages ou reconversions dans ce domaine, lorsqu'ils s'effectuent en cours d'année sont très difficiles et assez souvent voués à l'échec.


Date de création : 24/01/2011 @ 16:36
Dernière modification : 01/05/2015 @ 17:05
Catégorie : ACTIVITES - Guide pratique du professeur des écoles
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