Fiche n°6

La place de la documentation dans la préparation.

Première précaution: distinguer la documentation pour l'enseignant et pour l'élève.

Lorsque le professeur se documente, on pourrait dire qu'il complète sa formation. Le plus souvent il comble des lacunes dans celles-ci, il arrive aussi que l'on se documente par curiosité; mais dans tous les cas on approfondit sa culture professionnelle.

Par contre la documentation pour l'élève concerne la conduite de classe. Pour faire simple, quand on met l'élève en face d'un document, c'est pour lui proposer une tâche; au moins de lecture, mais le plus souvent de recherche guidée.

Remarques sur l'importance de la documentation dans la préparation.

La documentation n'est qu'une partie, parmi les autres, de la préparation. Ce n'est pas la plus importante.

Il faut rappeler cette limite car il y a une tendance actuelle à la surestimer. En raison de la disponibilité des moyens modernes d'information (internet) on risque vraiment de se laisser entraîner dans des recherches longues, on ne voit pas le temps passer, tandis que les fondamentaux de la préparation sont oubliés.

Une autre illusion conduit à penser qu'il faut trouver « le bon document » qu'on idéalise, alors qu'un document très ordinaire peut convenir .C'est plutôt la façon de l'exploiter qui compte.

La documentation de l'enseignant.

Quelles sont ses principales fonctions?

D'abord pour assumer les inégalités de savoirs dans notre polyvalence. Nous ne sommes pas linguistes, historiens, physiciens au même niveau. Il y a même presque toujours une ou plusieurs matières où nous nous trouvons faibles.

Ensuite, à l'intérieur d'une même discipline, certains chapitres nous sont moins connus. Cela peut être le Moyen-Âge en histoire, l'électricité en physique... Il s'agit de reconstituer quelques bases.

Nous cherchons également à retrouver des textes réglementaires, des instructions, des directives, qui se rattachent à nos programmes et à nos objectifs. On aime aussi trouver des « outils pédagogiques »: fiches déjà élaborées par d'autres, progressions déjà expérimentées, témoignages de collègues appartenant à des mouvements pédagogiques, relations d'expériences etc...

Quelle que soit la fonction envisagée il est nécessaire de faire un tri dans cette matière brute et souvent abondante puis d'assimiler les éléments retenus.

S'il s'agit de contenus culturels ou scientifiques, le temps de lecture, de compréhension, puis la sélection des informations utiles ne sont pas le plus souvent compatibles avec la durée (restreinte) dont on dispose pour préparer la classe du lendemain.

S'il s'agit de pédagogie, ou bien on emprunte « une idée », un exercice, et cela va vite, ou bien on veut essayer une démarche dans sa globalité et il faut du temps pour l'assimiler et la replacer dans ce que l'on fait soi-même.

D'une façon générale, la documentation de l'enseignant ne se situe pas dans la préparation de la veille pour le lendemain. Elle risquerait, dans ce cadre, de brouiller les priorités. Pour préparer sa classe du lendemain, le « livre du maître » quand il existe constitue le seul support d'une documentation rapide.

La documentation pour l'élève.

Presque toujours, les documents que l'on distribue aux élèves sont les supports d'une activité. Ils n'ont pas pour but de constituer une ressource documentaire à laquelle il se reporterait de manière libre et autonome.

Quand l'enseignant sélectionne un document à son intention, il faut qu'il se représente les conditions concrètes de son usage: l'élève aura le document sous les yeux et agira à partir de ce document (parfois directement dessus).

Un bon document répond à deux critères:

• l'accessibilité: même s'il est destiné à surprendre, le document est à la portée de l'élève. Il n'est pas éloigné de sa culture ou de son expérience.

• L'exploitabilité: il doit répondre à la question: « qu'est-ce que je vais leur demander de faire avec? »

Dans la grande majorité des cas il s'agira de documents peu nombreux et courts. La documentation écrite s'aborde par la lecture et l'effort demandé est fonction de l'âge mais sa durée, dans le cadre de la séance, est limitée à quelques minutes le plus souvent.

S'il s'agit d'un document iconographique il nécessite l'observation prolongée et parfois guidée. Sa complexité doit être rapportée également à l'âge des élèves. L'exploitation du document oblige l'enseignant à rédiger un protocole de travail pour l'élève. Celui-ci prend la forme d'un petit groupe de consignes qui accompagnent la distribution des documents. Il s'agira par exemple des questions auxquelles on ne peut répondre que par une lecture silencieuse très complète, ou encore d'une liste de mots à relever, d'une ou deux phrases à recopier. On pensera aussi aux techniques de marquage du document: on souligne, surligne, encadre telle ou telle catégorie d'éléments qui figurent dans ce document.

Au moment où on prépare la documentation pour l'élève on se souciera évidemment du devenir du document une fois son exploitation achevée. Sera-t-il collé dans un cahier? collecté dans une pochette avec d'autres? ramassé pour une correction ou une évaluation? etc...

La conservation des documents de l'enseignant:

• ne pas s'encombrer avec des feuilles « flottantes » dans le cahier-journal qui doit rester maniable.

• Pouvoir retrouver rapidement, en cas de besoin, des documents dont la recherche a coûté du temps. C'est un principe de rentabilité.

Les documents qui étaient destinés au travail des élèves seront de préférence annexés aux fiches de préparation correspondantes. L'utilisation de pochettes rangées dans des classeurs est pratique.

La documentation plus générale, si elle devient plus volumineuse, aura sa place dans des classeurs « par matières » dans un rangement selon les chapitres du programme.

Une remarque sur l'efficacité du stockage numérique: il est intéressant mais l'accès n'est pas toujours plus rapide que pour des documents papiers bien classés dans des pochettes elles-mêmes en ordre dans des classeurs.