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Le texte qui suit est extrait d'un courrier adressé entre deux réunions d'analyse de pratiques par l'animatrice du groupe aux participants.Il a sa place dans cette rubrique de notre site comme « billet d'humeur ».

Deux sujets très significatifs des mœurs pédagogiques de notre temps y sont abordés.

Le premier fait apparaître l'embarras actuel débouchant sur la confusion quant à la pratique de l'écrit à l'école.

Le second relate un épisode d'inspection et témoigne des dérives qui menacent l'école lorsqu'elle est invitée à entrer dans la rivalité moderne.


 


 

Encore la pédagogie spectacle !


 

Un autre sujet récurrent : l’enseignement « au poids » ou plus exactement le poids de la trace écrite dans l’enseignement.

On a vu galoper le phénomène avec cette aspiration à vouloir tout contrôler et cet afflux d’évaluations en tout genre en est une des manifestations les plus criantes.

L’école maternelle a été particulièrement touchée par cette tendance. Les enseignants eux-mêmes ont accentué le trait pour « justifier » de leur travail. Beaucoup vivaient douloureusement et personnellement les jugements portés par les collègues de l’élémentaire et certains parents bien encouragés par les médias. Alors, ils n’ont pas trouvé meilleure riposte que de s’enfermer dans la « trace écrite » pour « faire preuve » !

Il suffit de voir les albums lestés par les fameuses fiches qui ne devraient trouver leur juste place qu’occasionnellement comme simple étape dans un apprentissage. Le risque est grand et fréquent de voir tous les temps oraux et les manipulations réduits à la portion congrue pour passer un temps démesuré sur des activités écrites (de surface) souvent dépourvues de sens lorsqu’elles sont prises isolément. A cela viennent s’ajouter toutes les évaluations- diagnostic qui peuvent avoir leur nécessité sur des domaines précis et dans un but de remédiation ou d’ajustement des enseignements. Ces évaluations, sous couvert de connaissances affinées des niveaux des élèves, deviennent envahissantes et peuvent empiéter dangereusement sur le temps même réservé à l’enseignement. On sourit parfois en constatant qu’on évalue presque les évaluations elles-mêmes !(L’exagération n’est pas si caricaturale qu’il n’y paraît). Ces évaluations imposées peuvent (dans certains cas) remplir un rôle de diagnostic pertinent et utile pour l’enseignant sauf lorsque ces mêmes évaluations mettent en relief des lacunes auxquelles nous n’avons pas les moyens de répondre positivement. Quoi de plus frustrant pour un enseignant que d’avoir un éclairage pointu sur les lacunes de certains élèves lorsqu’il n’est absolument pas en mesure d’apporter de solution !

La «  trace écrite » comme seul outil d’étalonnage du niveau scolaire, comme validation des apprentissages… est aujourd’hui entrée dans la réalité de l’école et on voit bien que le piège est refermé. Les enseignants se voient évalués directement et indirectement uniquement parce qu’ils sont capables de « donner à voir » et ce n’est pas le témoignage de St. qui me fera dire le contraire. Inspectée récemment, St. a été gentiment informée par l’IEN de la concurrence de son collègue de l’école privée. Ce dernier, maître de CP-CE1 (comme St.) est particulièrement compétent et aurait été placé là pour répondre à la nécessité de riposter à la préférence des familles pour l’école publique depuis quelques années. L’IEN, ayant inspecté également le dit enseignant, a été éblouie par ce collègue à la pointe de l’enseignement (au vu des tableaux numériques…). Elle insiste donc pour que l’école publique rentre dans la compétition (à la compétence !!!) et propose de les aider à établir les dossiers nécessaires pour obtenir le statut d’école numérique. Elle a bien sûr vanté toutes les possibilités d’un tel type d’enseignement surtout dans ce coin reculé de notre campagne française . On communiquera avec tous les continents en … anglais ! Formidable !

Ce qui pourrait être classé comme une simple querelle de clocher est en réalité d’un tout autre genre. Jadis, la querelle privé/public était en lien avec des positionnements idéologiques : les parents choisissaient selon leurs convictions (religieuses il y a longtemps et sur des préjugés, idées reçues de sérieux plus récemment). Aujourd’hui, cette querelle pourrait se décliner comme une « guéguerre » technologique qui se présentant dans un premier temps comme rivalité privé/public va disparaître au profit d’une compétition entre écoles (allègement ou disparition de la carte scolaire aidant) où l’on mettra plus d’énergie à taper sur des claviers qu’à réfléchir à l’utilisation réelle de l’outil. Là aussi, les équipes auront à se positionner, à résister sachant que l’enjeu est lourd de conséquences.


 


 


Date de création : 02/05/2010 @ 15:11
Dernière modification : 22/09/2011 @ 10:54
Catégorie : BILLET du MOIS - Débats
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