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La rencontre parents-enseignants : un moyen efficace pour soutenir les élèves en difficulté.


 


 


 

L'idée selon laquelle l'école et ses agents auraient à se débrouiller entre eux et avec l'élève de l'échec scolaire de l'élève demeure assez répandue. S'il s'agit d'un problème scolaire, il doit demeurer scolaire, être traité « à l'interne » selon une expression actuelle en ne prenant en compte que des paramètres relatifs à l'apprentissage scolaire.

Cette idée est d'autant mieux reçue que beaucoup d'enseignants appréhendent la rencontre avec les parents. Ils la vivent comme une épreuve difficile à affronter, si ce n'est dangereuse.

Pourtant, si on se place sur le versant de ce qui est éprouvé immédiatement par les enseignants, dès qu'un élève tombe dans une panne un peu sérieuse pour ses apprentissages, ou encore lorsque son comportement compromet son adaptation à la vie scolaire ou l'équilibre du groupe, les maîtres ressentent nécessaire d'effectuer une démarche en direction de la famille. Les slogans officiels sur la co-éducation, les « droits de la famille », la coopération école-famille incitent d'ailleurs fortement à cette prise de contact quelles que soient les réticences des maîtres.

La première obligation qui s'impose à l'esprit est celle d' « informer » : les parents doivent être tenus au courant d'un échec ou d'une conduite problématique. Dans ce deuxième cas on espère qu'une intervention autoritaire des parents, une réprimande, aboutisse à une amélioration dans la conduite. C'est le vieux reste d'une tradition qui apparaissait dans la formule adressée à l'élève : « je vais le dire à ton père ». Il allait de soi que l'autorité parentale et notamment paternelle viendrait appuyer l'enseignant et l'école.

Sur cet aspect, on sait que les choses ont changé. Les enseignants ont mesuré à quel point l'autorité était affaiblie dans la famille et le consensus éducatif entre famille et école fragilisé. Certes, on rencontrera encore des parents dotés d'une volonté de cohérence mais dans nombre de cas on viendra buter sur de l'indifférence quand ce n'est pas un père ou une mère soutenant ouvertement les transgressions scolaires de leur enfant. De telles situations, très décourageantes, expliquent le grand nombre de réactions négatives des enseignants face à la rencontre. Ainsi beaucoup concluent à l'inutilité, voire à la nocivité de la rencontre. Loin d'en supposer l'efficacité pour l'élève ils en redoutent les inconvénients pour eux-mêmes.


 

C'est à partir de cet état des lieux plutôt pessimiste que l'on voudrait ici faire apparaître une autre perspective. Il ne s'agit pas de minimiser les difficultés, les désagréments même, inhérents à la rencontre mais de démontrer que dans tous les cas, si certaines règles ont été suivies, l'élève en sera bénéficiaire. Nous aurons aussi à mentionner, dans les meilleures issues, un effet positif sur l'attitude parentale elle-même.


 

Si nous voulons considérer les effets éducatifs sur l'élève d'une rencontre entre ses parents et son enseignant, il faut opérer une distinction entre deux grandes catégories de difficultés, qui sont à l'origine de l'entrevue. Il peut s'agir de perturbation dans les apprentissages (retards, refus) ou de dérèglements dans la conduite sociale (transgressions, violences, conduites asociales diverses telles que vols, racket etc...). Nous n'oublions pas que ces deux aspects ne s'excluent pas et qu'ils peuvent aussi fusionner dans bien des cas.


 

Bien que la rencontre, son style, son déroulement et ses objectifs puissent différer selon que l'une ou l'autre des tendances que nous venons de mentionner est prévalente, on va ici mettre l'accent sur ce qui est commun à toutes les rencontres, quel que soit le motif qui les provoque.

Nous atteindrons facilement ce qui est commun en nous plaçant du point de vue de l'élève.


 

Partons d'une hypothèse acceptable par tous : n'importe quel élève a besoin tant pour sa bonne scolarité que pour vivre son enfance, que le lien entre sa famille et l'école soit aussi harmonieux que possible. Pour bien apprécier ce fait il est intéressant d'en observer le renversement : que se passe-t-il pour l'enfant/élève dès qu'il a le sentiment, même diffus, qu'entre ses parents et ses enseignants la relation est compliquée, parasitée par de la méfiance, du « non dit », voire parfois de l'hostilité ?

Un enfant n'a guère les moyens de se défendre de cette sorte de menace ou d'insécurité qui pèse sur lui dans ces conditions et plus il est jeune plus il subit ces inconvénients.

Tout enfant qui devient élève doit pouvoir trouver un équilibre entre la nécessité de demeurer l'enfant de ses parents et l'obligation de devenir l'être social que constitue le fait de devenir l'élève de l'école et de son ou ses enseignants. Aucun n'est excepté de cette tension qui constitue d'ailleurs le passage nécessaire pour grandir.


 

Si cette épreuve se déroule sans crise visible pour un nombre important, on perçoit aisément que pour une proportion significative des incidents ont lieu et que pour les élèves dits « en difficulté » le conflit ne peut être résolu de façon simple. Il éclate même parfois de manière fracassante dans des cas qui semblent devenir plus nombreux. Cette généralisation est due à une nouvelle configuration : l'éducation familiale, moins rigoureuse aujourd'hui, propose à la scolarisation dont les contraintes sociales demeurent élevées, des sujets qui ne parviennent pas à combler l'écart des exigences.


 

Si on garde bien en tête cette configuration, on saisira le sens et la portée du malentendu qui s'ouvre régulièrement entre les parents et les enseignants quand l'école signale une inadaptation. On comprendra aussi la nature du malaise de l'enfant lorsque cette incompréhension subsiste et s'aggrave.

L'école, en toute bonne foi, fait connaître les faits aux parents : c'est son devoir. La famille ne parvient pas à surmonter une épreuve d'angoisse et de coupure qui se formule à peu près comme suit : quel est cet enfant imprévu que l'on me présente ? Pourquoi m'infliger cette déception ? Connaissent-ils assez bien mon enfant pour en être sûrs ? Peut-être se trompent-ils ? Et s'ils disent vrai, comment continuer à avoir avec mon enfant une relation apaisée ?

On pourrait encore étoffer cette liste de réactions mais elle est suffisante pour faire ressentir le caractère aigu de la situation, surtout si on la complète par quelques indications relatives à ce que ressent l'enfant lui-même, explicitement ou pas, à ce sujet.

Il y a pour lui une perte d'équilibre entre deux pôles qui auraient dû constituer deux appuis fermes et qui se transforment en terrains mouvants. Il est comme tiraillé, écartelé, fragmenté dans cette situation où ses deux tutelles, familiale et scolaire, ne parviennent pas à lui assurer la protection suffisante et risquent même d'entrer en conflit l'une avec l'autre. Il n'a pas la possibilité de s'extraire de ce conflit, il est obligé de le subir.

Les « réponses » que l'enfant fournit dans ces circonstances forment une variété clinique sur laquelle il faut s'attarder. D'abord en se rappelant qu'il doit faire face à son angoisse avec ses possibilités d'enfant, avec « les moyens du bord » comme on dit. Il s'agit essentiellement de faire face à un désarroi qui ne peut ni être conçu comme tel ni encore moins être analysé. L'enfant « passe à l'acte » de différentes façons. La fuite dans l'échec en est un cas bien connu, il y acquiert une satisfaction douteuse et n'hésite parfois pas à souligner que ce désastre lui procure une identité. La position dépressive devant des exigences perçues comme insurmontables est fréquente et explique bien des échecs en remédiation. Les agressions destructrices contre le cadre sont monnaie courante. Diverses tricheries, impostures, travestissements peuvent également être observés : il s'agit de donner le change.


 

Si nous en revenons à notre considération de départ – comment soutenir l'élève en difficulté – nous pouvons maintenant envisager avec beaucoup plus de précision le rôle tenu par la rencontre entre les adultes. Non seulement elle joue un rôle d'information, ce qui nous oblige à ne pas la différer et à nous montrer très précis, mais surtout elle est la première étape d'un travail de reconstruction des possibilités de l'élève.

Négliger cette rencontre ou la traiter avec légèreté et formalisme ne peut que rajouter pour l'élève à la difficulté proprement scolaire, une difficulté personnelle qui va rendre la première encore bien plus délicate à aborder. En effet, nombre de projets d'aide et de soutien échouent non pas comme on le croit en raison de techniques pédagogiques insuffisantes ( il n'est pas certain que celles-ci doivent être très complexes ) mais parce qu'ils interviennent sur un arrière-plan qui n'est pas clarifié, dans un contexte obscurci par le malentendu et la brouille. A partir de là, l'élève n'est pas en mesure d'investir une proposition d'aide qui n'est pas portée par des adultes conscients et responsables.

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Date de création : 25/02/2010 @ 15:21
Dernière modification : 01/05/2015 @ 18:04
Catégorie : ACTIVITES - Guide pratique du professeur des écoles
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